Alors, narcotrafic, ou trafic de drogue ? Si la première formule est chère au ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, elle souffre de la critique. L’évident slogan choc fait faussement de la France un Mexique bis, mais permet de mieux appréhender la mutation bien réelle des trafics, estime Mathieu Zagrodzki, chercheur en science politique et spécialiste de la sécurité intérieure.
La loi sur la lutte contre le narcotrafic, votée normalement par l’Assemblée nationale et le Sénat fin avril, a fait l’objet d’âpres discussions quant à son efficacité potentielle et à son caractère trop centré sur la répression selon certains. Un récent article du Monde s’est penché sur un aspect moins débattu : le glissement sémantique qui a vu dernièrement ce terme de « narcotrafic » se substituer peu à peu à celui de trafic de drogue, et les dealers devenir progressivement des « narcotrafiquants ».