Vagues de chaleur marine inédites, montée des eaux, banquise au plus bas : encore méconnu, l’océan se fragilise toujours plus. L’Union européenne compte bien protéger et restaurer la santé des océans et des eaux, qui recouvrent 71 % de la planète. Afin de rendre les connaissances sur les océans accessibles à tous, mieux comprendre l’impact de l’homme et de la nature sur les océans et les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés, la Commission européenne a lancé il y a trois ans le jumeau numérique européen de l’océan (JNO).
Réplique virtuelle haute résolution des océans
Véritable réplique virtuelle à haute résolution des océans, l’outil interactif permet d’observer, analyser et simuler différentes caractéristiques et comportements physiques, chimiques, biologiques et socio-économiques. Financé par l’Europe, il est gratuitement et librement accessible à tous, scientifiques, entreprises, décideurs politiques, activistes et citoyens. Désormais opérationnel, il sera présenté au cours d’une démonstration lors de la troisième conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC3) qui se tiendra à Nice du 28 mai au 15 juin prochain.
Ce jumeau numérique de l’océan est piloté par Mercator Ocean International, centre de référence européen pour la prévision océanique implanté à Toulouse. Depuis près de 25 ans, la centaine de scientifiques et de numériciens de l’institut de recherche élaborent des modélisations de l’océan mondial.
« Le JNO est une réplique interactive de l’océan. Les simulations vont permettre de répondre à des questions en testant différents types de scénarios et ainsi aider les décideurs à faire des choix éclairés. Il est par exemple possible de planifier des activités maritimes, de réaliser des mesures d’impact de l’activité humaine ou du changement climatique, etc. », explique Fabrice Messal, médiateur scientifique et responsable de projet.
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Plusieurs milliers de capteurs et satellites
Il est possible d’accéder à des données telles que la température en temps réel de l’eau à 900 mètres de profondeur, l’évolution de la glace de mer sur les trois dernières décennies ou de faire de la prédiction de la hausse du niveau de la mer, l’érosion côtière et la pollution plastique dans les années à venir, et ce, à n’importe quel endroit du globe. L’objectif étant de mettre en place des solutions pour protéger les habitats marins, s’adapter au changement climatique et l’atténuer et soutenir les économies durables.
Pour être capable de fournir des observations continues en temps réel, mais aussi du passé et d’élaborer des scénarios hypothétiques, le dispositif nécessite un nombre incalculable de données. Ces dernières proviennent de milliers de capteurs et de satellites, de superordinateurs et de l’intelligence artificielle.
Mercator Ocean devient une organisation intergouvernementale
Lors de la prochaine conférence des Nations unies sur l’océan, Mercator Ocean International va également officialiser sa transformation en organisation intergouvernementale, un jalon diplomatique qui renforcera le leadership franco-européen dans la gouvernance mondiale de l’océan. En 2022, lors du One Ocean Summit qui s’est tenu à Brest, six États européens (la France, l’Italie, la Norvège, le Portugal, l’Espagne et Royaume-Uni) se sont engagés via la déclaration de Brest à développer l’excellence océanographique européenne en transformant Mercator Ocean International en une organisation intergouvernementale.
« Aujourd’hui, il n’existe pas d’organisme intergouvernemental ayant autorité sur l’océanographie. Ce changement de statut va nous permettre de donner accès à la gouvernance à tous les pays européens qui le souhaitent et d’être capables de concevoir un interlocuteur pouvant créer des accords internationaux », détaille Pierre Bahurel, directeur général de Mercator Ocean International qui affiche un chiffre d’affaires annuel de 50 millions d’euros.