Il y a 30 ans, le FC Nantes était champion de France au cours d’une saison marquée par un but légendaire du duo Pedros-Loko au Parc des Princes et un record d’invincibilité de 32 matchs consécutifs sans défaite. Ce mardi 22 avril, le PSG, qui se déplace à Nantes, peut en cas de nul ou de victoire se rapprocher à deux unités de l’un des (de plus en plus rares) records qui n’appartient pas au club de la capitale.
Le 17 mai prochain, les joueurs nantais de la saison 94-95 se retrouveront tous ensemble pour fêter les 30 ans du titre de champion. Personne ne leur enlèvera cette septième étoile jaune et verte cousue sur leur maillot. En revanche, leur record d’invincibilité de 32 matchs consécutifs sans défaite ne tient plus qu’à un fil. Si la génération 2025 des Canaris n’arrive pas à stopper ce mardi 22 avril l’élan des hommes de Luis Enrique, le PSG atteindra la barre symbolique des 30 matchs sans défaite.
Pour Stéphane Moreau, toujours au club en tant qu’entraîneur des -19 ans et tout jeune joueur à l’époque, il existe des similitudes. “C’était d’abord des gens qui s’intéressaient à la façon d’aborder le jeu à travers du mouvement, de l’intelligence, des complicités, de la compréhension. C’est ça qui faisait le côté particulier de ce qu’on faisait à ce moment-là. Mais aujourd’hui, vous le retrouvez dans plein d’équipes. Paris en fait partie, avec en plus des particularités qui sont plus fortes, notamment dans la possession. Mais vous retrouvez ces complicités, ces connexions, ce sens du jeu combiné. Il y a quelque chose qui se passe entre eux. Et là, on est pratiquement dans la relation entre l’humain et le football. Et on sent qu’ils vivent bien ensemble”.
Un sentiment partagé par Eddy Capron, défenseur chez les Canaris en 95. “On peut comparer ces deux équipes dans le fait que chacun avait son importance dans l’équipe. Chacun avait un rôle défensif et un rôle offensif, ce qui est hyper important. Je pense qu’on ne tient pas une saison avec sept joueurs qui défendent. À Paris, on voit qu’il y a une envie et un projet de jeu commun. Pour l’instant, il n’y a pas de joueur qui veut tirer la couverture vers lui, qui est sur les stats. Certaines stats donnent des résultats mais ne donnent pas les titres”.
“Tous les gens qui aiment le football collectif sont supporters de Paris”
Dès le mois d’octobre, Jean-Claude Suaudeau, entraîneur des Nantais champions en 95, avait pressenti que Luis Enrique et ses hommes feraient tomber le record cette saison. Serge Le Dizet, latéral derrière Patrice Loko, en est également convaincu. “On pensait et on pense toujours que ce record va être battu. Mais il aura tenu 30 ans. Et c’est bien qu’il soit battu avec cette équipe, parce que c’est une équipe qui, collectivement, nous correspond bien. C’est quand même à l’honneur du coach aussi, parce que, franchement, ce qu’il fait cette saison, avec des pièces rapportées de toute l’Europe, il a créé une machine à gagner avec un style de jeu bien particulier, une équipe qui défend en nombre, une équipe qui attaque en nombre. Un football total. Franchement, et c’est la grande nouveauté de cette saison, je crois que tous les gens qui aiment le football sont un peu supporters de Paris, ce qui n’était pas forcément le cas les autres saisons. Quand on aime le football collectif, on se retrouve dans cette équipe de Paris, et je crois que c’est la plus grande victoire de Luis Enrique”.
Pour Stéphane Moreau, revenu au club il y a deux ans après quatre saisons à la formation parisienne, c’est aussi la satisfaction de voir des jeunes qu’il a formés comme Warren Zaïre-Emery ou Senny Mayulu émerger dans un groupe d’une telle qualité. “Franchement, c’est très plaisant à regarder. Et pas que sur la notion foot. On sent qu’il y a vraiment un truc qui se passe dans leur groupe. Évidemment, ma plus grande satisfaction, c’est de voir qu’il y a quelques jeunes qui sont capables d’intégrer ça. Parce que c’est des choses que j’ai vécu avec eux à un moment donné dans leur formation. Et de voir qu’aujourd’hui ils existent à Paris, dans un groupe comme ça, on se dit ‘ça va, on n’était pas trop loin de la vérité dans le travail proposé’. Warren, en termes de classe, humainement, c’était top. Senny Mayulu c’est pareil. Dans les valeurs humaines, c’était génial. Il avait juste besoin de canaliser un peu le temps et la patience qu’il allait avoir pour y arriver”.
Un record qui passe par Nantes, Nice et… Strasbourg comme en 95
Si Paris ne perd pas à Nantes et vendredi face à Nice, les coéquipiers du capitaine Marquinhos se déplaceront la semaine prochaine à Strasbourg pour égaler ce record d’invincibilité. C’est justement à La Meinau que les Canaris étaient tombés en 95 pour leur seule défaite de la saison sur des buts de Mostovoï et Lebœuf. D’ici là les Parisiens auront peut-être égalé à La Beaujoire un autre record détenu par Saint-Étienne en 1970: 25 victoires sur une même saison à 18 clubs. De leur côté, les Nantais pourront se raccrocher à un autre record, qu’ils devraient détenir encore longtemps, celui d’une invincibilité légendaire de 92 matchs à domicile entre 1976 et 1981.