Il y a cinq ans, le Covid percutait nos existences et fragmentait durablement la nation et la démocratie : tout débat sur les choix politiques et les mesures de santé publique a laissé rapidement place à un autoritarisme maquillé en rationalité. Pour notre éditorialiste Natacha Polony, à l’heure de l’impératif de mobilisation des citoyens face aux bouleversements du monde, nous payons le prix de ces blessures.
« Nous sommes en guerre. » Ces mots du président de la République ne datent pas de ces dernières semaines et de la tentative des pays européens pour rattraper trente ans de soumission à l’impérialisme amical des États-Unis mais d’il y a tout juste cinq ans, lorsque la pandémie de Covid-19 a déferlé sur le monde. Passons sur l’usage de cette métaphore qu’Emmanuel Macron regrette sans doute aujourd’hui que la guerre, la vraie, a fait autour de 1 million de morts et de blessés dans l’est de l’Europe. Reste le souvenir de ce que fut cette période folle et les traces qu’elle a laissées dans notre vie politique et sociale. Et le plus étonnant est sans doute l’incapacité, cinq ans après, d’aborder lucidement ce qui fut pour beaucoup un moment d’abandon de toute forme de pensée politique et de juste mesure.