Noémie et Ysé, “génocidaire” contre “antisémite” : quand le 7 octobre fracture une longue amitié

Marianne - News

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Ysé et Noémie ont cultivé une amitié de plus de dix ans, qui s’est achevée par des noms d’oiseaux jetés à la terrasse d’un café. Ennemies jurées depuis l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, les deux anciennes amies qui ne se parlent plus depuis plus d’un an ont accepté de témoigner séparément auprès de « Marianne » pour le quatrième épisode de notre série « Politique intime ».

Quand Ysé évoque son ancienne amitié avec Noémie, son regard devient dur et brumeux. Lorsque Noémie parle d’Ysé, ce n’est plus qu’avec mépris. Il est impossible de réunir les jeunes trentenaires à la table du même café où nous les rencontrons, à deux horaires différents. Tout dans leur attitude n’est qu’amertume et morgue à peine voilées. « Je ne me rendais pas compte que je “relationnais” avec une personne qui justifiait un génocide », siffle Ysé, l’air écœuré. « Ysé est devenue antisémite », accuse Noémie. « Une pure et authentique antisémite ». Lorsque le ton monte et que les regards interloqués se posent sur notre table, une chose est sûre : ces deux-là se détestent jusque dans leur chair.

Dix ans d’amitié

Et pourtant, Ysé et Noémie ont passé dix années à cultiver une amitié fusionnelle qui a volé en éclat un an plus tôt. En 2013, elles sont toutes les deux étudiantes dans des universités différentes de Paris et se retrouvent les mercredis et les samedis dans la petite boutique de vêtements où elles travaillent 15 heures par semaine à Saint-Germain-des-Prés. Ysé, qui vient de Nouvelle-Aquitaine, a du mal à trouver ses marques dans l’immensité de la capitale et en particulier dans les quartiers guindés. Mais elle peut compter sur sa pimpante collègue parisienne pour la conseiller. Une touchante complicité s’installe alors, au détour d’une cigarette fumée avant le service. Les deux nouvelles amies fustigent la tyrannique manageuse et moquent ses intonations mielleuses lorsqu’elle s’adresse à une cliente « de la haute ». Elles évoquent leur fatigue en période d’examen, concomitante de l’éreintante séquence des soldes. Trois ans plus tard, elles claquent à deux la porte de la boutique, main dans la main. « À ce moment-là oui, je pense qu’on pouvait dire de Noémie qu’elle était ma meilleure amie », reconnaît Ysé. Ce que confirme Noémie. « J’ai toujours eu du mal à conserver des amitiés, mais avec Ysé c’était plus simple. D’années en années, on se comprenait davantage, on se voyait régulièrement, pas tout le temps, on pouvait passer trois-quatre mois sans prendre ne serait-ce qu’un café, mais ça n’altérait pas notre amitié », raconte la jeune femme.

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