Ce jeudi matin, la ministre des Sports, Marie Barsacq, a convoqué une plénière de l’Instance Nationale du Supportérisme, la deuxième en quelques semaines. Plusieurs sujets au programme, notamment les dissolutions de groupes de supporters et les violences sexistes et sexuelles dans les tribunes françaises. Mais une déclaration de la ministre n’a pas du tout été appréciée par les représentants des supporters.
C’est une réunion qui devait permettre d’apaiser les relations entre le gouvernement et les supporters. Ce ne sera pas totalement le cas. Après deux heures de réunion de l’Instance Nationale du Supportérisme, la réaction de l’Association Nationale des Supporters ne s’est pas fait attendre. “Nous sommes choqués, la réaction politique à la libération de la parole des femmes s’arrête manifestement à l’entrée des stades”, explique l’ANS dans un communiqué. Au micro de RMC Sport, l’association met aussi en avant l’absence d’un représentant du cabinet du ministre de l’Intérieur à ce grand rendez-vous sur les tribunes françaises, la DNLH était représentée.
Mais pourquoi cette réaction?
Lors de la réunion de l’INS, ce jeudi matin au ministère des Sports, plusieurs thèmes ont été abordés concernant les tribunes françaises. Notamment les violences sexistes et sexuelles dans les enceintes sportives et les fouilles abusives sur plusieurs supportrices à l’entrée des stades. Au moment d’échanger sur ce sujet, la ministre des Sports a pris la parole. Ses premiers mots n’ont pas du tout été appréciés par plusieurs représentants de supporters, à tel point que deux d’entre eux ont quitté la salle. Une situation “grave” selon l’ANS, qui remet en cause sa participation aux prochaines réunions avec le ministère des Sports.
“Il y a un moment qui a été très compliqué lors de cette réunion et qui a touché plusieurs personnes concernant le sujet des violences sexistes et sexuelles”, affirme Kilian Valentin, porte-parole de l’ANS sur RMC Sport. “Il y a eu des témoignages très forts et d’une extrême gravité qui ont été révélés par des membres de l’INS. La ministre a apporté, dans un premier temps, une réponse qui a été très maladroite par rapport aux témoignages. A certains moments, ce sujet des VSS a été lié à la pyrotechnie dans les stades. La forme n’était pas bonne.” “La ministre des Sports a estimé que les fouilles seraient moins agressives si les supportrices ne cachaient pas de fumigènes dans leurs parties intimes”, explique un communiqué de l’ANS.
La ministre veut “se donner les moyens de faire cesser ces agissements”
Au micro de RMC, après cette réunion, la ministre est revenue en longueur sur ce thème des violences sexistes et sexuelles dans les tribunes françaises. Marie Barsacq a évoqué que c’est un axe de travail afin de “mieux accueillir les femmes dans les stades”. Sur les palpations abusives, la ministre veut “se donner les moyens de faire cesser ces agissements qui sont intolérables”. Mais les propos tenus lors de la réunion n’ont pas satisfait les représentants des groupes de supporters. “La réponse apportée par la ministre des Sports ce matin au sujet des VSS n’était pas à la hauteur de ce sujet qui est d’une très grande gravité. Même si ça a été repris et clarifié par la ministre sur le coup, ça a été d’une grande maladresse”, ajoute Kilian Valentin, porte-parole de l’ANS au micro de RMC Sport.
“Sur les violences sexistes et sexuelles dans les tribunes, ça doit être proscrit”, poursuit la ministre des Sports. Elle met notamment en avant les “bonnes pratiques” qui ont été partagées par la LFP auprès de six clubs engagés sur le sujet. Et de poursuivre: “J’ai aussi partagé le label terrain d’égalité qui avait été utilisé pour Paris 2024 et qui peut être une référence pour les championnats. Mais dans ce domaine on dépasse le monde du football, on va engager le Top 14 qui est déjà prêt à travailler sur ce sujet et d’autres disciplines sportives professionnelles”. Sur le thème des violences sexistes et sexuelles, il y a notamment des enjeux de formation des stadiers et des forces de l’ordre qui sont mobilisés lors des rencontres de football. Mais aussi comprendre et apprendre à recueillir la parole des victimes et les orienter vers les services compétents.
“On est quand même dans une séquence où le climat n’est pas du tout apaisé et un dialogue qui n’est pas au cœur des échanges, ça se ressent sur le terrain”, clame l’Association Nationale du Supportérisme. De son côté la ministre des Sports rappelle qu’avec “deux réunions de l’INS en deux mois” il y a une “envie de dialogue” avec de la “co-construction” sur ce dossier du supportérisme. “Il faut qu’on travaille ensemble sur le sujet du supportérisme en France”, termine la ministre des Sports.