Le dernier match hier, soir, face à Angers (victoire 2-0) – qui place l’OL à la 6e, synonyme de qualification pour la Conférence League en attendant la finale de la Coupe de France qui pourrait transformer ce rang en billet pour la Ligue Europa – ne siffle pas la fin de la saison lyonnaise. Bien au contraire. Car le plus dur commence en effet. Etat des lieux.
Quels joueurs pour renflouer les caisses?
…et diminuer la masse salariale, l’une des injonctions de la DNCG. Il y a déjà une certitude: célébré lors de cette dernière journée, Alexandre Lacazette n’en sera plus le capitaine et l’incarnation. En fin de contrat comme lui, le champion du monde argentin, Nicolas Tagliafico ne devrait plus porter le maillot de l’OL. Dans la même veine – économie des gros salaires dans un plan d’austérité oblige – Nemanja Matic, dont la cassure avec le coach semble actée depuis ses non-entrées en Ligue Europa face à Manchester United, ne devrait pas poursuivre jusqu’à la fin de son contrat en juin 2026.
Quant aux éléments, peut-être usés par les incertitudes et craignant un décrochage d’ambitions pour la saison 20225-26 comme Clinton Mata, Ainsley Maitland-Niles, ils pourraient eux aussi demander à leurs agents de partir. Sans oublier les situations de Paul Akouokou, Duje Caleta-Car, Thiago Almada, prêté par Botafogo voire de Corentin Tolisso, qui a certes un an de contrat encore, mais qui pourrait être tenté, vu son retour au premier plan, de partir sur une nouvelle expérience hors de sa ville et de son club de cœur et de formation …
Et puis, il y a les joueurs ‘bankable’: Malick Fofana, Rayan Cherki… Sauf retournement de situation, les dirigeants vont leur chercher (rapidement) une porte de sortie, voire pourquoi pas Lucas Perri, dont le profil pourrait plaire en Italie. Dans cette catégorie, Ernest Nuamah ne peut plus émarger, touché au ligament croisé antérieur en mars et indisponible au moins jusqu’à l’automne. Et donc, pas ‘transférable’.
Car l’OL n’y coupera pas. DNCG oblige et engagement encore répété jeudi dernier: “Eagle Football Group s’attend à des sources complémentaires de liquidités au cours de l’exercice 2024/2025, plus tôt que d’habitude pendant le mercato estival, à la suite de la décision de la FIFA d’ouvrir une fenêtre de transfert en juin 2025, en lien avec la Coupe du monde des clubs de la FIFA 2025.”
Quelle équipe pour repartir?
L’équipe-type potentiellement démantelée avec cette épée de Damoclès d’un recrutement sous surveillance, il faudra donc puiser dans les ‘réserves’, c’est-à-dire les jeunes. Mais lesquels? Personne n’émerge dans la réserve et les U19, et ceux qui sont apparus dans le groupe en fin de saison n’ont pas eu leur chance en ‘longueur’ sur le terrain, se contentant d’entrées symboliques (Molebe, Gomez Rodriguez, Carvalho …). Le profil de l’équipe alignée à la mi-août, lors de la 1ère journée dépendra beaucoup aussi de la décision du gendarme financier du foot financier: John Textor aura-t-il la possibilité de recruter? Sans oublier une question qui obsède de nombreux proches (historiques) du club: quelle place pour l’ADN lyonnais? Les têtes de gondoles locales en équipe première promises à l’exode s’ajoutent à un chamboulement à l’académie où des historiques gones ne sont pas conservés, même si Florent Balmont et Jimmy Briand sont approchés par Johann Louvel, le patron (non Lyonnais) de l’académie.
Et à quel niveau?
En attendant le passage devant la DNCG d’ici le 30 juin, l’épée de Damoclès est toujours là, dans la froideur du communiqué de deux lignes du 15 novembre dernie: “Encadrement de la masse salariale et interdiction de recruter et rétrogradation à titre conservatoire à l’issue de la saison sportive en cours.”
A ce jour, rien n’a véritablement bougé dans les comptes, sauf les promesses maintes fois répétées dans un climat local de scepticisme: il faut en effet rassurer les créanciers du plus petit à certains plus importants entre Rhône et Saône, dont les factures sont plus ignorées qu’honorées. Ce qui dessine un manque de confiance dans la gouvernance à l’américaine pour un choc de cultures qui creuse un fossé entre le monde économique et politique lyonnais et le nouvel homme fort. Quid aussi des relations avec des agents, dont les commissions de précédents transferts ne sont pas réglées?
Avec quel argent?
D’autant que le nerf de la guerre reste l’argent. Encore plus à l’OL en ce printemps 2025! Dans les différentes communications d’EFH (Eagle Football Hoding), l’optimisme règne toujours en maître comme un serein fil rouge depuis l’automne et les promesses, maintes fois écrites noir sur blanc d’apports financiers. Encore, jeudi dernier, la communication obligée par la cotation en bourse, répète les efforts de l’actionnaire principal: 293 millions d’euros en numéraire depuis le rachat, dont près de 130 sur les seuls neuf derniers mois – depuis la décision de la DNCG du 15 novembre 2024 – sans oublier, les jeux comptables entre clubs: “EFH a apporté des actifs joueurs disponibles à la vente, pour un montant brut de 97 millions d’euros”. C’est le cas d’un joueur de Botafogo, Luis Henrique, transféré au Zénith Saint-Pétersbourg et dont le produit du deal (33 M d’euros) entre le Brésil et la Russie apparaît dans les comptes du club français, l’OL …
“Les charmes nouveaux de la multi-propriété”, s’agacent certains acteurs économiques lyonnais qui ne croient toujours pas dans ce modèle quand les supporters cessent de lire et de comprendre une matière, très souvent absconse. Sans compter les passe d’armes entre l’ex-homme fort (Jean-Michel Aulas) et son successeur (John Textor) sur l’origine de la dette et le fameux ‘à qui la faute’: autant de polémiques stériles qui rendent encore plus confuses les analyses déjà compliquées par la différence de culture entre les deux hommes (la propriété à la française d’un côté, l’exercice assumée de l’emprunt de l’autre) avec ce chiffre qui peut faire froid dans le dos: le prêt à 14% du fonds Ares à John Textor, pour le rachat de l’OL en 2022-23 de 400 millions d’euros, mais exigible en 2028, ce qui donne, a priori, du temps à l’homme d’affaires américain. Mais ce dernier n’a malgré tout pas pu contrôler l’endettement net de la maison OL, passé de 150 M en 2019 à 295 M d’euros en 2020 (à cause du Covid), puis à 303 M d’euros en 2021 (suite au désistement de Mediapro) pour atteindre 330 au moment du rachat en 2022. Et aujourd’hui, elle culmine à plus de 450 millions, après la vente des actifs comme OL féminin, la franchise féminine OL Reign ou encore la salle multifonctions LDLC Arena.
“Les actifs ne sont plus immobiliers mais reposent sur la valeur des joueurs, c’est moins rassurant et solide”, résument des experts des comptes de club de football, qui portent un œil extérieur au dossier, sans connaître exactement tous les tenants et aboutissants internes.
Reste que dans la dernière communication en date – 15 mai 2025 – John Textor répète que les autres promesses qui remontent à l’été 2024 sont dans leur dernière ligne droite: “Les initiatives stratégiques précédemment annoncées par Eagle Football Holdings progressent et devraient apporter un soutien supplémentaire à Eagle Football Group. EFH est désormais dans la phase finale du processus de vente/plan stratégique concernant sa participation dans Crystal Palace Football Club. EFH prévoit également de déposer sa déclaration d’enregistrement confidentielle relative à son introduction en Bourse prévue auprès de la SEC au cours du mois de mai 2025.”
Quelle place de Jean-Michel Aulas ?
Les milieux autorisés qui s’autorisent à penser à Lyon s’amusent de rumeurs, d’infos et d’intox semés çà et là, par tous les acteurs d’un dossier foot qui se prolonge désormais sur le théâtre municipal. Il ne se passe pas une journée sans que le microcosme se délecte ou se désespère des sorties sur le réseau X de JMA. La dernière en date fait état d’un coup de frein sur sa candidature à la mairie pour 2026, car il aurait en tête l’idée de rassembler autour de lui des hommes d’affaires français pour “sauver son club”, les deux casquettes étant incompatibles. “JMA est donc revenu là où il aime être, au cœur de toutes les discussions”, résume un entrepreneur qui le connaît bien et qui rappelle souvent qu’à Lyon, il faut être plus central que centriste … Est-ce que cela peut atteindre John Textor, Américain très loin de ce type de considérations à la française? C’est une bonne question et pas sûr que le floridien se la pose!
Quel fonctionnement du staff?
Paulo Fonseca a encore deux ans de contrat et se voit bien continuer l’aventure, même avec ce handicap qui l’a accompagné depuis mi-mars et ce pour dix matches de cette saison. “Je ne suis pas venu que pour les cinq mois qui viennent de passer » a-t-il précisé en conférence de presse jeudi dernier. John Textor en a-t-il la même lecture, lui qui en est à cinq coaches différents depuis sa prise de fonction effective, en mai 2023 (Blanc, Vulliez, Grosso, Sage et Fonseca) pour un total de 27 sur les quatre clubs de l’entité « Eagle football » depuis sa prise de majorité dans chacun d’entre eux? « Imprévisible et parfois illisible, tout peut se passer, même si en le confortant au lendemain de son coup de sang en fin d’OL-Brest et ce front contre front avec Benoît Millot, il a de fait, balayé la notion de faute lourde pour s’en séparer », résument des habitués du centre d’entraînement à Décines, juste à côté du Groupama Stadium.e suspense semble léger …
Paulo Fonseca a encore deux ans de contrat et se voit bien continuer l’aventure, même avec ce handicap qui l’a accompagné depuis mi-mars et ce pour dix matches de cette saison. « Je ne suis pas venu que pour les cinq mois qui viennent de passe”,» a-t-il précisé en conférence de presse jeudi dernier. John Textor en a-t-il la même lecture, lui qui en est à cinq coaches différents depuis sa prise de fonction effective, en mai 2023 (Blanc, Vulliez, Grosso, Sage et Fonseca) pour un total de 27 sur les quatre clubs de l’entité ‘Eagle football’ depuis sa prise de majorité dans chacun d’entre eux? “Imprévisible et parfois illisible, tout peut se passer, même si en le confortant au lendemain de son coup de sang en fin d’OL-Brest et ce front contre front avec Benoît Millot, il a de fait, balayé la notion de faute lourde pour s’en séparer”, résument des habitués du centre d’entraînement à Décines, juste à côté du Groupama Stadium.
Quel organigramme?
Ecarté de ses fonctions officieusement, même si aucune annonce n’est émise depuis la mi-avril et sa disgrâce, Laurent Prud’homme, le futur ex-DG devra être remplacé. L’intérim actuel avec la montée en puissance de Mickael Gerlinger, directeur du football de la holding (en charge donc de Botafogo, Molenbeek, Crystal Palace et l’OL) et le poids grandissant de Mathieu Louis-Jean, le directeur technique de l’OL pourraient se poursuivre.
Car l’alignement du commandement est une des clefs du succès: le boss américain n’a qu’à se retourner sur son histoire récente à l’OL pour se rafraîchir la mémoire: sans patron exécutif à l’automne 2023, l’OL trustait 11 fois sur 16 la place de lanterne rouge de la Ligue 1. A partir de la mise en place d’une structure verticale et unie – Textor-Prud’homme-Louis-Jean-Frio – le club a réussi au printemps 2024 à arriver en Ligue Europa à l’ultime journée … Et depuis l’explosion de l’organigramme, dans les minutes qui ont suivi l’irréelle fin de match à Old Trafford -2-4 à la 114è pour un 5-4 au final … – les professionnels ont enchaîné trois défaites (Saint-Etienne, Lens, Monaco) pour un seul succès (Rennes) avant Angers!
Et ce nouvel organigramme ne doit pas se manquer car si l’OL n’a pas accroché la Ligue des champions en ce mois de mai 2025, c’est peut-être aussi et surtout dû aux précédentes fenêtres de mercato: ainsi lors des matches d’août 24 et de janvier 25, l’OL a tourné à 1 point de moyenne par match, contre 1,77 sur les autres semaines de la saison, quand l’effectif est calé. A ce deuxième rythme de points, l’OL posséderait près de 61 points, Ce qui lui assurerait la 4e place dans le championnat qui vient de se terminer, voire la 3e …