Une vie de travail… sans pouvoir liquider sa retraite le moment venu. Plongée dans les galères de nos lecteurs seniors « ni en emploi ni en retraite ». Discriminés sur le marché du travail, ils exigent de la cohérence de la part des politiques.
Casque blond, cheveux mi-longs, Mireille, 60 ans, vit dans un chouette village d’Ardèche. Sous son accent chantant, sourd, en cette belle journée de printemps, une immense colère. Cette ancienne employée de boulangerie se débat en effet dans « une panade » née de la réforme des retraites 2023. Mère de quatre enfants, elle a validé 192 trimestres pour sa pension, l’équivalent de 48 années ! Mais elle ne peut la percevoir… parce qu’un accident de travail lui a broyé la main gauche en 2019.
« La retraite, on n’y comprend plus rien ! »
« J’ai commencé à travailler à 15 ans avec un CAP de coiffure. Puis j’ai bifurqué vers la boulangerie. Je n’ai jamais été malade, j’ai repris le boulot après la naissance de chaque enfant », témoigne-t-elle fièrement. À première vue, sa carrière longue est exemplaire. Las, ce départ honorable à 60 ans lui a été refusé pour une raison des plus injustes : « En 2019, le chariot avec lequel je transportais les fournées de baguette roulait mal. Je l’avais signalé, sans être entendue. Il a fini par se renverser et m’écraser la main. »