Sans aller jusqu’à la totale déconstruction, la masculinité occidentale a du plomb dans la matrice. Pour éviter de passer pour de gros bourrins toxiques, les mâles affichent des signes de transgression discrète : chignons, bracelets ethniques, barbiches moussues, décolletés, absence de chaussettes… Autant de petits indices extérieurs d’un grand désarroi intérieur !
On la dit toxique, mais à observer la rue, les bureaux, les plateaux télé, on constate que la virilité à la papa (poils drus, costumes chiants, chaussures rigides, absence de toute finesse psychologique) est plutôt victime d’une intoxication à la féminitude, repérable à des emprunts vestimentaires (pantalons-jupes, chemises à fleurettes, chaussons vénitiens), capillaires (chignons, couettes, nattes), posturaux (jambes haut croisées en réunion-managers, façon Marlène dans l’Ange bleu, larmichettes en conférence sur la sécurité, etc.).
Éclatante victoire de la théorie du genre, que la base valide en dépit des grincheux et des ringards ? Pas sûr. On aurait tort de voir dans ces afféteries un effacement du sexe culturel ou un retour à l’hermaphrodisme primordial. D’autant qu’elles n’ont rien d’universel, comme l’indique la montée en puissance de leaders politiques bruts de décoffrage de par le monde, qui manient la tronçonneuse au-dessus de la tête en signe conquérant.