Ne pas opposer dépenses sociales et budget de défense : tel est le credo de nombreux responsables politiques pour répondre aux inquiétudes grandissantes face aux difficultés de financement de nos politiques sociales. Avant même la nouvelle donne géopolitique, une grande partie de nos dirigeants pointaient un modèle économique et social à bout de souffle.
Or, notre pays ne pourra pas répondre aux besoins à venir en matière d’autonomie sans une augmentation forte de ses financements. Mais où aller les chercher ?
Le secteur public est déjà en difficulté et l’état de ses finances ne laisse que peu d’espoir à court ou moyen terme. De son côté, le secteur privé représente de réels gisements d’investissement, mais il induit deux défis. Premièrement, l’existence de modèles économiques viables pour ses acteurs. Deuxièmement, l’absolue nécessité de garantir la qualité de l’accompagnement et des soins, trois ans après la vague d’indignations provoquées par Les Fossoyeurs, qui dénonçait les dérives de certains Ehpad lucratifs.
Face à cette équation, un secteur clé s’impose : l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). Elle seule peut répondre à la tension entre investissements privés et intérêt général. Pourtant, rien n’est fait pour orienter ces gisements financiers vers les structures de l’ESS, alors que les besoins explosent.
L’exemple de l’habitat inclusif est révélateur
À la croisée du logement et du médico-social, il est au cœur de secteurs en pleine crise. Le récent constat de la Fondation pour le logement des défavorisés est sans appel : 221 000 ménages vivent dans des logements inadaptés à leur handicap. Cela rend leur maintien à domicile difficile et dangereux. La pénurie de logements adaptés et l’absence d’un accompagnement personnalisé privent de nombreuses personnes handicapées de toute une série de droits, à commencer par l’accès à un emploi adapté là où les besoins de notre économie sont les plus forts sur le territoire.
L’accès au logement des personnes handicapées, véritable « droit des droits », doit devenir une priorité politique. Pourtant, malgré une documentation solide sur les besoins en la matière, la pénurie s’aggrave, sous l’effet du vieillissement de la population.
Des investisseurs privés, y compris de grands fonds, se disent prêts à répondre à la demande. Encore faut-il ne pas créer un marché réservé aux plus aisés, où la majorité continuerait à vivre dans des logements inadaptés, avec tous les risques que cela implique.
C’est là que les acteurs de l’ESS ont toute leur place. Engagés pour l’intérêt général et l’innovation sociale, ils savent concilier intérêt général et viabilité économique. C’est ce que propose le modèle de Résidences Comme Toit.
À contre-courant des logiques dominantes, il prouve qu’un autre modèle est possible : des logements inclusifs, un accompagnement à domicile en continue et sans aucun reste à charge, ni pour les locataires, ni pour la collectivité. Et ça marche.
Pourtant, le cadre actuel ne permet pas aux acteurs privés d’investir à la hauteur des enjeux dans ce type de modèle. Les freins sont nombreux : fortes disparités entre les politiques départementales, normes de sécurité incendie excessives, dispositifs d’aides trop rigides… L’habitat inclusif est sur toutes les lèvres, mais nos politiques publiques restent inadaptées à ses enjeux et ses besoins d’investissement, laissant de nombreuses personnes sans solution ni perspective à moyen terme.
À l’heure où nous recherchons des solutions miracles pour répondre au défi de l’autonomie, mettons déjà en cohérence le potentiel de l’ensemble des acteurs publics, privés et de l’ESS. Et libérons les investissements pour les orienter vers nos priorités collectives. L’autonomie n’est pas un privilège. C’est un droit. Et ce droit commence par un toit.
(*) Valérie Mellé a consacré plus de 25 ans de sa carrière à l’industrie pharmaceutique, animée par une conviction forte : placer le soin et l’humain au cœur de son engagement professionnel. Aujourd’hui, elle met cette expertise au service d’un nouveau défi sociétal : l’habitat inclusif. En partenariat avec le promoteur Terralia Immobilier, elle développe les Résidences Comme Toit, un concept novateur pensé pour favoriser l’autonomie, la sécurité et la dignité des personnes en situation de handicap ou en perte d’autonomie. Ces résidences adaptées et domotisées sont proposées à la location, avec un service d’aide à domicile présent 24h/24, 7j/7. Un projet profondément humain, à la croisée de l’innovation sociale et de l’engagement solidaire.
Valérie Mellé