Il est tard. Trop tard pour les transports en commun, trop tôt pour les premiers métros. Vous êtes là, à la sortie d’un théâtre, d’une soirée entre amis, ou encore, valise à la main, d’un terminal d’aéroport. Vous sortez votre téléphone, commandez une voiture au moyen d’une application et, moins de cinq minutes plus tard, un chauffeur professionnel vous accueille, courtois, efficace, prêt à vous ramener chez vous.
Cette scène, des millions de Français la vivent chaque semaine. Les plateformes de VTC sont devenues une évidence du quotidien : elles rendent service, elles rassurent, elles dépannent. Et pourtant, chaque fois qu’il est question d’elles dans le débat public, c’est presque toujours sous le prisme de la sanction, de la suspicion, de la fraude. Comme si le VTC était d’abord un problème, avant d’être une solution. À croire que le simple fait d’exister constitue un tort.
Les annonces récentes du gouvernement n’échappent pas à cette mécanique : pour calmer une tension – souvent liée au secteur des taxis -, on sort une mesure, un signal, une menace. Et ce sont les VTC qui encaissent. Un modèle économique menacé, des professionnels inquiets, des utilisateurs laissés de côté. Les VTC apparaissent comme une anomalie qu’il faudrait corriger, un secteur à réguler toujours davantage alors que les réglementations sur le secteur n’ont cessé de s’empiler ces dernières années et que de gros efforts ont été accomplis en partenariat avec les pouvoirs publics.
Et cela, bien souvent, en réponse à des problèmes qui ne les concernent même pas directement, faute d’une réflexion plus approfondie sur l’évolution du modèle. Le signal envoyé est clair : on balaie, d’un revers de main, quinze ans de progrès pour les consommateurs et les chauffeurs VTC.
Oubliée, la liberté d’entreprendre qu’offre ce secteur à des dizaines de milliers de chauffeurs professionnels et strictement réglementés. Oublié, le rôle économique tangible que jouent ces plateformes dans nos villes et nos territoires. Oublié, le service concret qu’elles rendent à tous ceux qui n’ont pas d’alternative, ou qui veulent une mobilité souple, transparente, accessible.
Mais les VTC ne sont pas un épouvantail. Ils sont une solution. Ils sont aussi, faut-il le rappeler, une réalité sociale et économique solide : près de 80. 000 femmes et hommes, parfois discriminés ailleurs sur le marché du travail, qui ont choisi cette voie pour les revenus qu’elle génère, la liberté qu’elle offre, l’indépendance qu’elle permet. Derrière les plateformes, il y a des emplois. Des parcours. Des responsabilités. De l’entrepreneuriat.
Les VTC sont ancrés dans les usages, les attentes, les réalités contemporaines. Ils répondent à une demande de mobilité fluide, réactive, parfois en complément, parfois en substitution, mais jamais en opposition aux autres moyens de transport.
Les millions de Français qui les utilisent, eux, ne s’y trompent pas. Ils plébiscitent ces services pour leur accessibilité, leur transparence tarifaire, leur réactivité. Vouloir pénaliser les VTC, c’est avant tout pénaliser les usagers : celles et ceux qui vivent dans des zones mal desservies, celles et ceux qui ont besoin de pouvoir se déplacer rapidement, de manière fiable et à un prix raisonnable.
La France persiste à faire du VTC un fusible, un bouc émissaire, un levier de gestion de crise, qu’on actionne à chaque soubresaut, sans jamais construire une vision d’ensemble. Cette logique des coups de menton et des décisions ponctuelles, prises dans l’urgence, n’est bonne pour personne.
Comme tout secteur de la vie économique, les VTC méritent mieux qu’un régime d’exception punitif. S’il faut améliorer encore davantage le cadre, faisons-le. Mais faisons-le bien. Pas sous la pression, pas à chaud. Dans un cadre de dialogue et de coconstruction. Avec les plateformes, les chauffeurs, les usagers. Avec une ambition : construire un modèle durable, cohérent et équitable, au service des mobilités de demain.
Les VTC ne demandent pas de passe-droit. Ils demandent simplement qu’on les regarde enfin pour ce qu’ils sont : une solution plébiscitée par les Français, pas un problème.
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Par Julien Mouyeket, DG France de Bolt, Yves Weisselberger, président de LeCab, Simon Dabadie, DG France de Heetch et Yanis Kiansky, fondateur & CEO d’Allocab