Alors que les vacances d’hiver s’achèvent pour certains, nombreux seront les enfants à raconter, des étoiles pleins les yeux, leurs souvenirs en famille. Pourtant, certains garderont le silence. Car si beaucoup de familles ont eu la chance de prendre la route des vacances, des milliers d’autres n’ont pas pu se le permettre. Pour elles, c’est double peine : à la frustration de ne pouvoir partir, s’ajoute le sentiment d’être exclues d’un cercle de privilégiés. Alors que l’année prochaine marquera les 90 ans de l’instauration des congés payés, cette inégalité paraît d’une autre époque.
Pourtant, cette réalité touche bien des familles dans l’ensemble des territoires français, en particulier dans les banlieues et les zones rurales. La dernière étude de l’institut Verian le confirme : plus de 8 Français sur 10 vivant à la campagne estiment que les vacances sont devenues un luxe et plus de 60% déclarent ne jamais ou peu, c’est-à-dire une fois par an maximum, partir en vacances.
Un tiers des répondants estime partir moins souvent que leurs parents à leur âge. A mesure que les dépenses courantes augmentent, et que le coût de l’essence et des transports devient un frein à la mobilité, ces inégalités d’accès aux loisirs engendrent frustration et colère, voire résignation.
S’évader quelques jours, découvrir de nouveaux horizons, partager des moments en famille ou simplement se reposer n’a pourtant rien de superflu : c’est une nécessité. Près de 9 Français sur 10 vivant à la campagne considèrent les vacances essentielles à leur bien-être. Elles constituent en outre une formidable opportunité d’apprendre des autres, souvent d’autres cultures, et favorisent ainsi le vivre ensemble. Pouvons-nous collectivement nous résigner à ces inégalités ? La réponse est non.
Favoriser l’accès aux vacances et aux loisirs pour tous
Face à ce constat, il est urgent de favoriser l’accès aux vacances et aux loisirs pour le plus grand nombre et d’engager l’ensemble des acteurs français dans le développement d’un tourisme accessible à tous, en mettant en valeur la diversité de destinations moins fréquentées qui font la richesse de l’Hexagone, et en facilitant l’accès des familles françaises à des hébergements plus abordables. Près de 90% des Français vivant à la campagne considèrent les hôtels comme trop chers et une majorité privilégie dès lors la location de logement entre particuliers pour leurs séjours.
En 2024, en réponse à l’appel d’Olivia Grégoire alors ministre du Tourisme, un fonds social dédié aux départs en vacances pour tous a pu voir le jour. Par ce vecteur, les associations Vacances Ouvertes et Vacances & Familles ont pu accompagner et permettre à des familles de Seine-Saint-Denis de partir en vacances. En 2025, nous étendrons ce fonds pour accompagner les familles qui en ont le plus besoin, ailleurs en France, et notamment dans les territoires ruraux.
C’est ensemble – État, collectivités, associations, et acteurs du tourisme – que nous pourrons faire en sorte que les vacances deviennent accessibles à tous, et non un privilège. Le tourisme ne peut pas être l’apanage de quelques destinations prisées, ni réservé à une population aisée. Il constitue un formidable levier pour dynamiser villages et villes moyennes, soutenir commerces et producteurs locaux, et renforcer le lien social. Faisons de la lutte contre ces inégalités d’accès aux vacances une priorité collective.
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Par Clément Eulry