L’Europe s’en prend à nouveau aux petits colis chinois. Cette fois, la Commission a proposé, ce mardi, d’imposer des frais de deux euros sur ces envois qui proviennent en grande partie des géants de la fast fashion chinois tels que Shein et Temu. « On parle de 2 euros par paquet, payé par la plateforme », a déclaré le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, devant le Parlement européen à Bruxelles.
Ces frais de 2 euros serviraient à financer les contrôles aux douanes, a expliqué le commissaire. « C’est pourquoi je ne qualifierais pas ces frais de gestion comme une taxe, mais simplement comme une façon de compenser leur coût », a-t-il détaillé, saluant l‘« énorme » charge de travail des fonctionnaires des douanes. Selon Maros Sefcovic, leur nombre atteindrait quelque 4,6 milliards importés dans l’UE l’an dernier, soit plus de 145 chaque seconde. Sur ce total, 91 % provenaient de Chine.
Cette mesure était notamment réclamée par la France qui avait proposé fin avril de faire payer « des frais de gestion » sur chaque petit colis entrant en Europe. Pour la France seule, 800 millions ont été livrés l’an dernier. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait annoncé que Paris défendrait l’instauration, dès 2026, de « frais de gestion sur chaque colis entrant en Europe », évoquant concrètement « quelques euros » par colis.
Exemption de droits de douane
Ce n’est pas la première fois que la Commission cible ces envois de moins de 150 euros qui bénéficient, pour l’heure, d’une exemption de taxation douanière depuis 2010 au sein de l’UE. L’instance européenne a proposé début février une réforme majeure de l’union douanière. Grâce à celle-ci, initialement prévue en 2030 mais finalement avancée à 2028, les petits colis deviendraient soumis aux droits de douane habituels, soit 8 à 12 % de taxe pour le textile, à collecter par les plateformes dès l’achat Internet du consommateur.
Les sommes collectées permettront de « faire face aux coûts croissants » des contrôles, avait déjà justifié la Commission. Cette dernière avait alors pointé des risques d’importation de produits dangereux et une empreinte environnementale non négligeable sur de tels volumes. Face à ces colis, la colère monte dans l’industrie du prêt-à-porter, les commerçants dénonçant une distorsion de concurrence. En outre, Bruxelles espère qu’une partie des recettes générées par les frais sur ces petits colis sera affectée au budget de l’UE.
D’autant que ces contrôles sont appelés à se renforcer, les États-Unis ayant d’ores et déjà pris des mesures pour taxer les colis à faible montant. Le 2 avril, Donald Trump a, en effet, décrété la suppression de l’exonération douanière sur les envois de moins de 75 dollars en leur appliquant une première taxe de 30 %. Un taux qui a ensuite grimpé à 90 % fin avril. La Chine pourrait donc intensifier sa politique d’exportation de produits low cost vers l’Europe, afin d’atténuer l’impact du choc commercial lié aux décisions américaines.
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Coline Vazquez avec AFP