Chacun connaît le mot de Cocteau, « Ce que les autres te reprochent, cultive-le, c’est toi ». Il fut souvent reproché à Philippe Labro de se disperser à l’excès. Frondeur, il y a toujours répondu par plus de dissipation encore et avec encore plus de talent. Tant pis pour ces temps qui n’aiment rien tant que les assignations à résidence et qui auraient bien aimé savoir une fois pour toutes s’il convenait que Labro soit journaliste, écrivain (ce fut tout de même là sans doute, devant la page blanche, qu’il fut le plus heureux), cinéaste, homme de médias et de pouvoir ou parolier. Bien entendu, il était tout cela à la fois. Et pas qu’un peu.
Dans la vie de Philippe Labro, il y eut d’abord deux naissances. La première, le 27 août 1936 à Montauban, fils de Jean-François, fortuné conseiller juridique et fiscal, et d’Henriette, née elle, des amours clandestines d’un noble polonais et d’une institutrice française. Le petit Philippe est encore un enfant lorsque la guerre se déclenche. Sa famille s’y couvrira d’honneurs, depuis son oncle, Henri Magny, tombé pour la France Libre et fait Compagnon de la Libération à titre posthume, jusqu’à ses parents qui sauront abriter des familles juives dans leur villa montalbanaise durant l’occupation et accédant de ce fait en l’an 2000 à la dignité de « Justes parmi les nations ». Il y a de pires exemples à suivre dans l’ordre de la rectitude et de la dignité morale…