Alors que les PUF (Presses Universitaires de France) lui avaient commandé un « Manifeste anti-woke », l’historien Pierre Vermeren s’est vu censurer temporairement ce même ouvrage en raison du contexte trumpiste et d’un financement par la fondation Périclès. Il pointe notamment la pression exercée par le Collège de France par l’intermédiaire de Patrick Boucheron. Entretien.
Marianne : Pourriez-vous nous raconter pour quelle(s) raison(s) le livre que vous coordonnez et qui devait être publié, « Face à l’obscurantisme woke », fait l’objet d’une censure de la part des PUF ?
Pierre Vermeren : Il y a trois ans, les PUF nous ont proposé de faire ce qu’ils appelaient au début un « Manifeste anti-woke ». On a finalement opté pour un titre plus voltairien : « Face à l’obscurantisme woke ». Ce travail a pris beaucoup de temps car on voulait réaliser un ouvrage scientifique rigoureux, qui soit à la hauteur des PUF. L’idée était de montrer, à travers une vingtaine de contributions, que l’idéologie woke avait pénétré bien des institutions et toutes les sciences, et en particulier, les sciences dures. Ce qui, à nos yeux d’universitaires, était évidemment problématique. On a donné la parole à de vrais scientifiques, c’est-à-dire, à des gens qui travaillent dans le domaine de la génétique, de la biologie, de la médecine, etc.
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