Embarqué depuis deux ans dans un tour du monde en bateau, le co-fondateur du collectif français retrouve Nice et l’Hexagone mi-juin, pour la conférence des Nations-Unies pour l’océan. Un rendez-vous mondial que Simon Bernard compte aborder non pas avec un discours alarmiste – « le monde est alerté sur la pollution plastique » – mais avec les solutions identifiées, expérimentées et testées à bord du MV Plastic Odyssey, ancien navire de recherche rénové et conçu comme un laboratoire et une plateforme de recherche.
Réalité du terrain
Depuis deux ans, Plastic Odyssey et son équipe de 30 scientifiques étudient les micro-plastiques et leur impact sur les régions traversées. Actuellement, c’est aux Seychelles, dans l’Océan Indien que le navire est ancré. L’expédition est passée par le Liban, le Brésil, la Colombie, le Panama… Et par l’île Henderson, l’une des 50 îles appartenant à l’Unesco, particulièrement polluée par des déchets difficilement atteignables à cause de la barrière de corail. « Nous avons inventé des systèmes et opté pour le parachute ascensionnel afin d’extraire les déchets au-dessus de la barrière de corail », explique Simon Bernard. Dix tonnes de déchets ont ainsi été récoltées, une petite victoire pour le collectif là où personne n’avait préalablement réussi.
« Il existe une vraie méconnaissance sur le plastique », relève Simon Bernard. « Il n’existe pas un message universel simple, mais une réalité », celle de l’arrêt souhaité et demandé de la production de plastique, certes, mais aussi celui du traitement des déchets déjà créés. Une sorte de « en-même temps » nécessaire pour éradiquer véritablement ce fléau.
D’où le test de solutions capables de remplacer l’usage quotidien qui est faite de ce matériau. L’avant du MV Plastic Odyssey est ainsi dédié à ces essais et à une vie sans plastique. « Nous disposons d’un système qui potabilise l’eau et qui nous a permis d’éviter l’utilisation de 25 000 bouteilles d’eau au cours de ces deux ans, soit 750 kg de plastique ». L’équipe travaille également à la réduction des emballages et entend bien rentrer en France, dans un an, sans poubelles.
« Nous avons transformé une pièce du bateau en laboratoire zéro déchet et allons fabriquer des aliments sans plastique, des pâtes, du lait de soja, de la pâte à tartiner, en utilisant les produits bruts – farine, sucre, graine de soja… L’idée est de faire cela à l’échelle semi-industrielle, afin de démontrer que c’est implémentable dans une structure comme un hôtel », poursuit Simon Bernard. « Des solutions existent, il est de notre rôle de les documenter ».
Triangle – infernal – de l’inaction
Si le monde est alerté sur la pollution plastique, on peut s’étonner de la difficulté à consentir à un traité mondial qui aille dans ce sens. Simon Bernard évoque la responsabilité de ce que l’on appelle le triangle de l’inaction, celui où politiques, industriels et consommateurs se rejettent mutuellement la responsabilité sur l’action à entamer. « Nous avons dépassé l’époque de la sensibilisation : ça c’est fini, nous sommes tous conscients des conséquences de la pollution plastique. La seule façon de passer à l’action, c’est de donner envie de le faire ». Et de montrer aussi du doigt, ces lois anti-plastique votées mais sans décret d’application… « La loi est un modèle très européen, dans d’autres pays cela ne fonctionne pas comme ainsi ».
De la Conférence des Nations-Unies pour l’océan, Plastic Odyssey dit attendre le renforcement de partenariats et de collaborations à grande échelle. « Cette conférence est le moment parfait pour se réaligner et faire avancer encore plus la cause… ».
Sans omettre la problématique du financement, majeure en matière de R&D et qui sera le cœur du Blue Economy and Finance Forum ce 7 juin, à Monaco. Un sujet que Plastic Odyssey connaît bien. Le collectif aimerait lever les 500 000 euros manquant à son budget, d’un montant global de 2 millions d’euros.