Politique migratoire, expulsions, nativisme… Sur X, la bataille anti-Trump déjà menée par le pape Léon XIV

Si Donald Trump s’est empressé de féliciter le pape fraîchement désigné, Léon XIV, ce jeudi 8 mai, estimant que son élection était un « honneur » pour leur pays, rien ne dit que les deux hommes soient faits pour s’entendre. À part leur nationalité américaine, le nouveau chef de l’Église catholique et le président des États-Unis n’ont pas grand-chose en commun.

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Si ce n’est leur attrait pour les réseaux sociaux, le nouveau pape s’étant fendu de nombreuses publications sur X. En 14 ans de présence sur cette plateforme, il a publié à plus de 400 reprises, exprimant ses opinions sur l’actualité mondiale : scandales des violences sexuelles au sein de l’Église catholique, pandémie de Covid-19, invasion de l’Ukraine par la Russie… Mais l’un de ses sujets de prédilection, c’est la politique américaine. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Léon XIV – de son vrai nom Robert Francis Prevost – n’a jamais caché ses réserves envers le clan Trump, et ce, avant même l’élection du milliardaire.

Critique du « nativisme » de Trump

Dès 2015, en pleine campagne présidentielle, celui qui était encore évêque avait republié un éditorial du Washington Post, intitulé « Pourquoi la rhétorique anti-immigrés de Donald Trump est si problématique » et réalisé par le cardinal Timothy Dolan, archevêque de New York. Son auteur y critique notamment la vision « nativiste » du président américain, considérant les immigrés « comme des criminels et des marginaux qui menacent “l’Amérique pure” ».

Deux ans plus tard, en janvier 2017, Robert Francis Prevost a partagé une lettre du président de la Conférence des évêques américains s’opposant « fermement » au décret anti-immigration de Trump lors de son premier mandat, qui, selon l’auteur, porte « préjudice aux familles vulnérables de réfugiés et d’immigrants ». Rappelons que ce décret interdisait l’entrée du territoire américain aux ressortissants de six pays, pour la plupart à majorité musulmane – l’Iran, la Libye, la Somalie, la Syrie, le Yémen et la Corée du Nord. « Nous pensons qu’aujourd’hui plus que jamais, l’accueil des nouveaux arrivants et des réfugiés est un acte d’amour et d’espoir », peut-on ainsi lire dans cette lettre.

La même année, en septembre, le pape Léon XIV a également republié un message critiquant l’emploi, par Donald Trump, de l’expression « bad hombres » (« mauvais hommes ») pour désigner les immigrés, et susceptible, selon l’auteur du tweet, d’alimenter le « racisme et le nativisme ».

Plus récemment, en février dernier, le nouveau souverain pontife a retweeté un texte publié sur le site National Catholic Reporter faisant référence à des propos tenus par le vice-président américain, J.-D. Vance. Ce dernier, converti au catholicisme en 2019 à l’âge de 35 ans, avait affirmé qu’il existait « un concept chrétien [appelé « ordo amoris » (« l’ordre d’amour »)] selon lequel il faut aimer sa famille, puis son prochain, sa communauté, ses concitoyens, et ensuite donner la priorité au reste du monde ». Comprendre : aux étrangers. En réaction, l’article retweeté par le pape critique cette position : « J.-D. Vance a tort : Jésus ne nous demande pas de hiérarchiser notre amour pour les autres ».

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À noter que le pape François, mort le 24 avril dernier, avait également fustigé cette interprétation dans une lettre. Cette dernière a d’ailleurs fait l’objet d’un article publié sur le site America, the jesuit review et également partagé par Léon XIV dix jours plus tard. Dans son texte, François rappelait au vice-président américain que l’Évangile « nous demande à tous d’aimer notre prochain », et notamment en matière d’immigration.

Un pape « woke » ?

Enfin, le dernier « repost » du nouveau chef de l’Église catholique, le 14 avril, renvoie vers le texte de Evelio Menjivar, un évêque auxiliaire de Washington, d’origine salvadorienne, critiquant la politique d’expulsions massives du gouvernement américain. « Ne voyez-vous pas la souffrance ? Votre conscience n’est-elle pas troublée ? Comment pouvez-vous rester silencieux ? », fustige ainsi l’auteur du texte.

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Plus globalement, Léon XIV adopte des positions complètement opposées à la vision de Donald Trump sur certaines thématiques. À commencer par sa volonté d’agir face au changement climatique, alors que le président américain est ouvertement climatosceptique. D’après le site géré par des religieux américains, The College of Cardinals Report, le nouveau pape a notamment mis en garde contre les conséquences « néfastes » d’un développement technologique incontrôlé. Un positionnement qui lui a déjà valu d’être qualifié de « marxiste » et de « woke » par Laura Loomer, une figure de l’extrême droite américaine et réputée proche de Donald Trump.