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Rebelote
Par Marianne avec AFP
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Quelques mois après l’annulation choc du premier tour de la présidentielle en Roumanie, le candidat de l’extreme droite, George Simion, est sorti largement en tête du scrutin qui se tenait ce 4 mai.
Cinq mois après l’annulation choc du premier tour de la présidentielle en Roumanie, le chef du parti AUR, George Simion, est crédité de 30 à 33% des suffrages, selon deux sondages sortie des urnes. « Ensemble nous avons écrit une page d’histoire aujourd’hui », a réagi le vainqueur dans un message vidéo diffusé au siège de son parti devant des partisans qui chantaient « Dehors les voleurs, vive les patriotes ».
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Onze prétendants au total briguaient un poste essentiellement protocolaire mais influent en politique étrangère, dans ce pays membre de l’UE de 19 millions d’habitants devenu un pilier essentiel de l’Otan depuis l’invasion russe de l’Ukraine voisine.
La victoire surprise en novembre de Calin Georgescu, un ancien haut fonctionnaire accusé par ses détracteurs d’être favorable au Kremlin, avait inquiété dans l’ouest du continent et plongé la Roumanie dans la tourmente politique. La Cour constitutionnelle a invalidé le vote et exclu le sexagénaire de cette nouvelle course, après une campagne massive sur TikTok entachée de suspicions d’ingérence russe.
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Il a été remplacé par George Simion, 38 ans, et les deux hommes se sont affichés ensemble ce 4 mai dans un bureau de vote de Mogosoaia, près de Bucarest. Pendant la campagne, George Simion a brandi sa jeunesse, sa rhétorique souverainiste et sa maîtrise de la plateforme TikTok pour espérer venger son désormais allié Georgescu.
Si le député nie toute inclination pour la Russie, il partage la même aversion pour « les bureaucrates bruxellois » et s’oppose à tout soutien militaire à Kiev. Sur les marchés ou à l’étranger pour convaincre l’importante diaspora, ce fan de Donald Trump se rêve en « président MAGA » (Make America Great Again), slogan parfois affiché sur ses casquettes.
Scrutin sous surveillance
Si George Simion accède au poste suprême, il a promis de « porter Calin Georgescu au pouvoir », évoquant trois options : « un référendum, des élections anticipées ou la formation d’une coalition au Parlement qui le nommerait Premier ministre ».
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Après l’annulation, décision rarissime au sein de l’UE, le scrutin était sous haute surveillance. Des milliers de personnes ont manifesté ces derniers mois pour dénoncer « un coup d’État ». Les États-Unis sont également intervenus, le vice-président J.D. Vance appelant à écouter la voix d’un peuple qu’on a fait taire « sur la base des faibles soupçons d’une agence de renseignement ».
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Les autorités, qui ont renforcé les mesures de prévention et la collaboration avec le réseau TikTok, assurent avoir « tiré les leçons » du fiasco. Alors que l’extrême droite évoque « de multiples signes de fraude », le gouvernement a pointé des campagnes de désinformation, y voyant de « nouvelles tentatives de manipulation et d’ingérence menée par des acteurs étatiques ».
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne