Gourou du capitalisme moderne, au flair légendaire et au mode de vie d’une rare sobriété, Warren Buffett s’est hissé parmi les cinq premières fortunes mondiales en bâtissant patiemment un empire tentaculaire. En fin d’année, il passera la main à Greg Abel, son successeur désigné, mettant un terme à plus de six décennies à la tête de Berkshire Hathaway.
Depuis qu’il a pris le contrôle du conglomérat en 1965, le milliardaire a appliqué une même stratégie : investir sur le long terme dans des entreprises solides, sous-évaluées, dont il a minutieusement décortiqué les comptes. Résultat : un rendement moyen presque deux fois supérieur à celui du S&P 500.
Une vocation précoce
Né le 30 août 1930 à Omaha (Nebraska), dans une famille de classe moyenne, Buffett découvre très tôt les marchés. Il achète ses premières actions à 11 ans et remplit sa première déclaration d’impôts à 13. Encouragé par son père, courtier devenu parlementaire, il suit des études à Wharton, puis à l’université du Nebraska. Recalé à Harvard, il est accepté à Columbia, où il se forme auprès du maître de l’investissement value Benjamin Graham.
Après un passage à Wall Street, il fonde en 1956 son propre fonds, Buffett Partnership, qu’il fusionne avec Berkshire Hathaway en 1965. Avec son complice Charlie Munger, disparu en 2023 à 99 ans, il transforme cette obscure entreprise textile en géant mondial de l’assurance, de l’énergie, de la distribution ou encore des services financiers.
L’investisseur impitoyable au mode de vie frugal
Warren Buffett, père remarié de trois enfants, reste fidèle à une discipline d’investissement rigoureuse, à rebours des effets de mode. Il repère les pépites sous-cotées, investit massivement, et attend patiemment leur revalorisation. Cela ne l’empêche pas de frapper fort : il renfloue Goldman Sachs en 2008, puis Bank of America en 2011, obtenant à chaque fois des conditions très avantageuses.
Loin des valeurs technologiques qu’il jugeait longtemps trop volatiles, Apple est l’exception notable. Depuis 2016, Berkshire en est devenu un actionnaire majeur, même si la moitié des actions a été revendue à l’été 2024 pour 50 milliards de dollars. Malgré ses allures de patriarche affable – cheveux blancs, grosses lunettes, costume sobre, cravate vive – Buffett reste un homme d’affaires redoutable. Lors de l’assemblée générale de 2024, il confiait avec un sourire : « J’espère bien que vous serez là l’an prochain… et moi aussi ! »
Un multimilliardaire philantrope
Warren Buffett n’a jamais quitté Omaha, où il vit toujours dans la maison achetée en 1958 pour 31 500 dollars. La légende dit qu’il est addict au Coca-Cola (dont il détient 9 %), déjeune chez McDonald’s, joue au bridge, gratte le ukulélé, pratique le golf. Ses alliances de second mariage ? Achetées en solde chez un bijoutier de son groupe. Seul luxe concédé : un jet privé. Avec une fortune estimée à 168 milliards de dollars par Forbes – l’une des rares à continuer de croître sous l’ère Trump – Buffett se distingue aussi par ses engagements philanthropiques. Démocrate revendiqué, critique des inégalités fiscales, il a cofondé en 2010 avec Bill Gates le mouvement « The Giving Pledge », qui incite les ultra-riches à donner au moins la moitié de leur fortune. Il a déjà distribué plus de 60 milliards de dollars, dont 43 à la fondation Gates. En 2024, il a confirmé que l’essentiel de son patrimoine serait légué à la fondation Susan Thompson Buffett – du nom de sa première épouse – et aux fondations de ses trois enfants.
(Avec AFP)
À lire également
latribune.fr