Des fonderies d’aluminium à la chimie en passant par la fabrication de papier carton, de verre, ou l’agroalimentaire… Les industriels dits « électro-intensifs » (gros consommateurs d’électricité), dont beaucoup se disent étranglés par les factures d’énergie et menacés dans leur « survie » en France, s’inquiètent du coup de poker commercial lancé jeudi par l’électricien national.
EDF a en effet annoncé jeudi soir qu’il allait proposer des contrats d’achat d’électricité nucléaire à long terme à travers un système d’enchères dans toute l’Europe pour des entreprises de taille significative de tout secteur et des fournisseurs d’électricité.
« Ce faisant, EDF tournerait délibérément le dos à l’industrie » française avec laquelle il était en négociation bilatérale depuis fin 2023, estime l’Uniden, association qui regroupe les entreprises représentant plus de 70 % de la consommation d’énergie de l’industrie en France.
« Maximisation de son profit à court terme »
« Avec cet appel d’offres et sans poursuite de discussions bilatérales avec les industriels, EDF préférerait clairement vendre aux plus offrants plutôt qu’à ceux qui en ont besoin », craint l’Uniden.
« Deux semaines après avoir présenté un résultat net de 11,4 milliards d’euros (…) le plaçant à un niveau record de rentabilité par rapport à l’industrie », EDF « privilégie » ainsi la « maximisation de son profit à court terme », accuse l’association.
« Les seuls bénéficiaires de cet appel d’offres seront, outre les fournisseurs alternatifs, les consommateurs qui peuvent refacturer le coût de l’électricité à leurs clients », poursuit l’association. « Des industries stratégiques comme l’acier, l’aluminium ou la chimie », « gages de la souveraineté industrielle de la France », ne « pourront pas suivre les enchères » estime l’Uniden en déplorant une attitude « incompréhensible » d’EDF.
Bras de fer commercial
Depuis novembre 2023, les industriels sont engagés — avec le soutien de l’État — dans un bras de fer commercial avec EDF pour des contrats de long terme dits d’allocation de production nucléaire (CAPN), qui remplaceraient les tarifs régulés d’électricité à prix cassé dont ils bénéficient jusqu’à fin 2025, date d’extinction du système dit Arenh.
« EDF n’a signé à ce stade [avec les électro-intensifs, NDLR] qu’un seul contrat » pour un volume « très faible » représentant moins de 1 % de l’objectif de 40 TWh fixé par l’État, a regretté jeudi soir le ministère de l’Énergie à Bercy.
(Avec AFP)
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