Elle n’a jamais oublié l’impossibilité pour l’une de ses camarades d’enfance, malentendante, de pouvoir poursuivre ses études. Un souvenir qui a longtemps taraudé Imane Fard et qui est ravivé lorsque la crise sanitaire, en obligeant tout un chacun à l’utilisation de plateformes de visioconférence numériques – de Zoom à Meet – pointe encore davantage la difficulté pour les personnes malentendantes et malvoyantes à ne pas être exclues de ce mode de communication où le recours au langage des signes n’est pas possible.
Imane Fard va alors créer un avatar capable, grâce à l’intelligence artificielle, de se comporter comme un traducteur en utilisant le langage des signes et en transcrivant les échanges en temps réel. Long a été cependant le travail d’acquisition car « peu de bases existaient », souligne cette ingénieure, consultante technique chez IBM, récompensée par le Prix Margaret dans la catégorie Intrapreneure. Tout l’enjeu réside dans l’acquisition de data, l’objectif étant de disposer « d’une large base de données », pour porter l’aventure à l’étape d’après, celle de la création d’une version beta. Speak Easy pourrait alors ne pas être que le nom de l’avatar mais aussi celui de la start-up qu’Imane Fard envisage de créer. Ce qui ouvrirait les portes à une levée de fonds afin de financer le développement. « Nous aimerions convaincre des sponsors de nous soutenir car nous souhaitons que notre produit reste accessible, notamment pour toutes celles et ceux qui n’ont pas les moyens financiers de s’offrir ce service », indique Imane Fard. « L’intelligence artificielle est un pouvoir que nous possédons et ceux qui savent l’utiliser ont une responsabilité sociétale ».