Dominika Zarzycka/Sipa USA/SIPA
Ministre des Affaires de la diaspora en Israël depuis fin 2022, Amichai Chikli s’est acoquiné avec les Patriotes pour l’Europe – le groupe d’eurodéputés présidé par Jordan Bardella – mais également, en bon trumpiste, avec les conservateurs américains.
Nommé ministre des Affaires de la diaspora fin 2022, Amichai Chikli y a adjoint la lutte contre l’antisémitisme. Et c’est en son nom que le quadragénaire, fils d’un rabbin français, s’est systématiquement rapproché des Patriotes pour l’Europe, le groupe d’eurodéputés présidé par Jordan Bardella. Sans craindre le risque de déplaire aux juifs européens, peu friands de ces partis souvent entachés d’antisémitisme, mais soutenant Israël dans ses opérations militaires à Gaza.
Le 27 mars dernier, il a d’ailleurs accueilli Jordan Bardella à la conférence sur l’antisémitisme qu’il organisait à Jérusalem. Ce qui a entraîné plusieurs désistements : celui du grand rabbin du Commonwealth, Ephraïm Mirvis, du chef de la Ligue antidiffamation (ADL), Jonathan Greenblatt, ou encore Bernard-Henri Lévy. « Le Rassemblement national est aujourd’hui le meilleur bouclier pour nos compatriotes de confession juive », y a déclaré le patron du RN.
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L’année précédente, le chef de la diplomatie hongroise, Péter Szijjártó, tenait le même discours : « Grâce à une politique d’immigration responsable, la Hongrie est le refuge le plus sûr pour les Juifs en Europe aujourd’hui ». Chikli lui avait répondu que « l’islamisme et l’idéologie dite “woke” sont les deux principaux ennemis du système de valeurs judéo-chrétiennes ».
Trumpiste convaincu
Les amis de Chikli sont manifestement tous à l’extrême droite. En mai 2024, il se rend à Madrid à la convention du parti d’extrême droite Vox, où il rencontre Marine Le Pen. Il y fustige le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez, qui « pense que les Palestiniens doivent être récompensés pour leurs massacres et que le moment est venu de leur donner un État ». Puis, le mois suivant, il retweete une vidéo de Jordan Bardella rejetant la solution des deux États, à la veille des législatives françaises.
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Lors des élections européennes, Chikli s’est réjoui d’un « vent de changement » : « Ce fut une grande soirée pour l’Europe et un tournant pour la civilisation occidentale. ». Trumpiste convaincu, le ministre était aussi présent à la grande messe annuelle des conservateurs américains à Washington, en février dernier, où Steve Bannon a conclu son discours par un salut nazi. Sacré changement, effectivement. Rien d’étonnant pour Elie Barnavi, ex-ambassadeur d’Israël en France : « Chikli en rajoute, mais la diplomatie israélienne est maintenant alignée avec Trump. Les digues ont sauté. Tous ces gens-là, à l’exception de l’AfD en Allemagne, sont devenus casher. »
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne
