« Si on ne trouve pas des fonds, l’entreprise va à la casse ». C’est en ces termes que Mehdi Berrada, PDG d’Agronutris, alertait sur la situation critique de sa start-up le 22 mai dernier à l’AFP. Implantée en 2011 à Saint-Orens-de-Gameville, au sud-est de Toulouse avec sa holding EAP Group, Agronutris avait inauguré en 2022 sa première usine d’élevage et de transformation d’insectes à Rethel, dans les Ardennes.
L’ambition de la start-up était prometteuse : devenir le leader du secteur grâce à une levée de fonds de 100 millions d’euros en 2021. Agronutris avait même bénéficié de 8,3 millions d’aides publiques dans le cadre du plan relance de l’État. Mais le vent a vite tourné pour l’entreprise toulousaine qui a enchaîné les problèmes techniques lors du lancement de son usine, avec « des vraies difficultés de démarrage », admet Mehdi Berrada.
Trois ans après une inauguration en grande pompe, l’entreprise en manque de capitaux, s’est résolue en janvier dernier a demandé l’ouverture d’une procédure de sauvegarde pour sa holding EAP Group. Malgré un contexte économique incertain et des investisseurs frileux, Cédric Auriol, directeur général d’Agronutris, se montrait confiant : « L’ouverture d’une procédure de sauvegarde pour la holding EAP Group nous donne du temps pour renforcer la structure financière et poursuivre notre activité. » « Le site de production de Rethel, qui n’est pas concerné par cette procédure, est un atout majeur pour notre développement. Sa montée en puissance avec une pleine capacité de production qui sera atteinte d’ici fin 2025 confirme la pertinence de l’investissement et offre des perspectives de profitabilité à court terme », ajoutait-il à La Tribune.
Mais six mois plus tard, malgré le gel de ces créances prévu par cette procédure de sauvegarde, et le soutien de ses actionnaires, l’entreprise serait à « court de trésorerie » prévient Cédric Auriol. « On a besoin de réunir un financement de six millions d’euros pour avoir le temps nécessaire pour boucler l’opération de financement plus large en cours », a précisé le directeur général auprès de l’AFP, qui demande une « aide financière publique d’urgence ».
L’avenir d’Agronutris s’annonce incertain pendant que celui de son concurrent Ynsect, autre acteur majeur du secteur, s’assombrit sérieusement. Placée en redressement judiciaire le 3 mars 2025, la start-up pourrait stopper son activité d’élevage, jugée non compétitive, entraînant la suppression d’une soixantaine de postes dans son usine près d’Amiens. Une décision qui devra peser, le 16 juin prochain, date à laquelle le tribunal de commerce d’Evry examinera la demande d’Ynsect de prolonger sa période d’observation. Du côté d’Agronutris, une centaine d’emplois du bureau R&D toulousain sont en jeu. Contactée, la start-up assure qu’elle échange actuellement avec de « potentiels investisseurs ».