Avec Ousmane Dembelé et Désiré Doué en têtes d’affiche, le PSG, qui reçoit Arsenal ce mercredi soir en demi-finale retour de Ligue des Champions, porte haut les couleurs de la formation à la rennaise. De quoi ravir le directeur du centre de formation Denis Arnaud auprès de RMC Sport.
Deux produits de la formation rennaise, Ousmane Dembélé et Désiré Doué, tenteront ce mercredi soir contre Arsenal de rallier la finale de Ligue des champions avec le Paris Saint-Germain. Déjà réputée dans toute l’Europe, l’Académie bretonne vit en ce moment une période dorée qui tranche avec la nouvelle saison ratée de l’équipe professionnelle.
Plutôt discret et habitué à rester dans l’ombre, le directeur du centre de formation du Stade Rennais Denis Arnaud, en poste depuis janvier 2020, se livre sur cette réussite pour RMC Sport.
Denis Arnaud, au vu des résultats compliqués du Stade Rennais en Ligue 1, est-ce que le centre de formation ne serait pas devenu la meilleure pub pour le club cette saison?
(Sourires) Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que le club a cette ancienneté dans la formation. C’est le premier club à en avoir créé un. Ces dernières années, c’est vrai que l’arrivée des jeunes chez les professionnels s’est accentuée. C’est une fierté. On a mis en place un projet commun. On est un ensemble de 80 personnes mobilisées qui va de la scolarité, l’hébergement à la partie sportive (pour 70 joueurs sous convention des U16 à la réserve). Dans la salle des éducateurs, il y a une seule image au mur: le Roazhon Park! C’est l’objectif central que l’on vise et sur le projet qu’on a mis en place depuis cinq ans, ça fait 17 garçons qui y ont foulé la pelouse. C’est un chiffre quand même important.
Quels footballeurs cherchez-vous à développer?
Des joueurs techniques! La part athlétique est obligatoire mais nous pensons qu’au haut niveau, c’est un joueur technique qui va faire la différence et de plus en plus dans les prochaines années. Car sur le plan tactique, les coachs sont très forts. Sur le plan physique, il y a des cellules de performance qui sont très développées. Par contre, sur la partie technique, c’est un projet qui est plus difficile à mener car il est long, besogneux mais on a pris ce parti pour recréer l’identité du club avec des joueurs techniques identifiés Stade Rennais.
Ousmane Dembelé et Désiré Doué en sont les parfaits exemples. Quel est votre regard sur le joueur de très haut niveau qu’est en train de devenir Doué?
Il y a de la fierté de l’ensemble des éducateurs qui l’ont eu au fil des années. Ils sont tous très fiers de son parcours. Mais il n’y a pas de surprise car on sait que c’est un talent qui n’a pas de limite! Sans polémiquer, il y a beaucoup de personnes qui s’attribuent la réussite de Désiré mais sa réussite vient surtout de son travail, de son investissement, de sa maturité et de l’encadrement familial qui est exceptionnel autour de lui et qui lui a permis d’avancer sûrement plus vite et sans doute plus loin grâce à des qualités naturelles indéniables.
C’est le prototype même du talent programmé?
Oui, on sentait dès le départ qu’il avait des qualités extraordinaires. C’est la qualité aussi de Philippe Barraud (le directeur du recrutement) et de son équipe de réussir à aller chercher ces talents très jeunes. Notre travail derrière est de continuer à les développer mais un garçon comme Désiré, on l’accompagne tout simplement.
Il vous surprend quand même dans son évolution rapide?
Non, je ne suis pas surpris car il fait partie de ces garçons qui s’adaptent au niveau où ils sont. Plus le niveau s’élève, plus ils sont capables de le faire aussi. Je mettrais un garçon comme Jérémy Jacquet dans cette catégorie-là. C’est une qualité impressionnante! Puis, il y a une question de mental avec une capacité à se remettre en cause, à vouloir progresser et aller chercher des titres. C’est aussi cette mentalité-là qu’on souhaite développer. “Tout gagner” au-delà de “Tout donner” (l’un des slogans du Stade Rennais).
Ousmane Dembelé lui aussi faisait partie des talents programmés. Aujourd’hui candidat au Ballon d’or vous l’imaginez?
C’est sûr qu’un Rennais formé au centre de formation qui arriverait à être Ballon d’or… Ce serait quand même exceptionnel! Cela arrive à très peu de club. On lui souhaite. C’était aussi un talent inné. Il a vécu des années difficiles pour enfin trouver son chemin et être épanoui à 100%. C’est une très belle réussite pour lui et aussi pour le club et pour les éducateurs de l’époque. Cela montre bien la continuité du bon travail des formateurs ici au Stade Rennais.
Il y a aussi Eduardo Camavinga au Real Madrid, Mathys Tel au Bayern Munich puis à Tottenham…
Chacun a son parcours. Parfois plus rectiligne que d’autres. Il y en a plein d’autres qui sont sortis. Maintenant notre souhait, ce serait que ces garçons jouent chez nous la Coupe d’Europe et la Ligue des champions et qu’après ils partent dans d’autres clubs. Que dans quelques années, le Stade Rennais puisse garder ses talents avant de prendre le chemin des très grands clubs. C’est un voeu pieux (rires). Il faut rêver!
Le club semble se donner les moyens pour la suite avec un nouveau centre de formation flambant neuf à venir présenté comme top niveau au côté de celui des pros…
Cela montre que l’on ne s’endort pas et que malgré les performances du centre de formation, on a envie de progresser et de se remettre en cause. Dans mon esprit, c’était indispensable que le club se dote d’infrastructures de haut niveau en se donnant les moyens. C’est juste normal en fait que le club se structure à la hauteur des grands clubs européens.
Ces anciens formés au club qui brillent doivent bien aider pour recruter les meilleurs jeunes en devenir?
Il n’y a rien qui est facile. Cela peut aider oui mais je crois que ce qui nous différencie, c’est la relation humaine. On y attache beaucoup d’importance avec le joueur et les familles. On veut autant former des hommes que développer leurs capacités de footballeurs. C’est notre singularité et cet aspect-là associé au fait que les jeunes jouent en équipe première fait bien sûr réfléchir les familles sur où mettre leurs garçons.
Quel est le prochain grand que vous sortez?
(Rires) Non non, je n’ai pas de noms à donner. Je crois que les années avec Bruno Genesio ont été marquées avec les jeunes issus du club. Avec Habib Beye, ce cercle vertueux reprend. C’est l’ADN du club et ce qui lui permet d’avancer. Et il y a une identification des supporters. Les gens sont en attente. Il faut continuer dans ce sens-là. On voit actuellement que Kader Meité est en train d’arriver. Il y a d’autres jeunes de la génération 2007, 2008 et 2009 qui vont suivre mais il n’y a pas d’urgence. Il faut respecter les timings de chacun. L’important, c’est que quand ils intègrent le groupe professionnel, ils n’en sortent pas. Je peux assurer qu’il y a un vivier intéressant pour les années à venir.
Et ce match retour Paris-Arsenal mercredi soir devant votre TV, vous le regardez comment? Avec quel oeil?
(Rires) Je dirais avec les yeux de l’amour! Ce serait bien que “Dez” marque et qu’il se qualifie. Ce serait un super moment pour lui mais aussi pour le club. Et qu’ils aillent au bout! On les verra en finale au Stade de France fin mai (Paris jouera Reims en Coupe de France et Rennes affrontera en lever de rideau Dijon pour la finale de Gambardella, NDLR). Ce sera le moment de se voir et de se dire quelques mots.