Très critique sur la communication et le management de Luis Enrique en début de saison, Daniel Riolo, éditorialiste de l’After Foot sur RMC, a effectué une longue mise au point sur son point de vue, mardi trois jours après le sacre du PSG en Ligue des champions.
Une grosse mise au point face aux critiques. Daniel Riolo, éditorialiste de l’After Foot, est longuement revenu sur son scepticisme exprimé à plusieurs reprises en début de saison sur le management et la communication de Luis Enrique, dans l’émission de mardi. Le journaliste a souvent manifesté son incompréhension face aux choix de l’entraîneur du PSG, qualifié de quelques sobriquets “génie”, “Gifi” ou “Géo Trouvetou”. Visé par les critiques depuis le sacre du PSG en Ligue des champions samedi, Daniel Riolo assume ses réserves émises et assure avoir constaté un vrai changement dans le management de l’Espagnol à partir du mois de janvier, en rappelant que de sérieux doutes sur son avenir avaient surgi au sein du club à l’automne.
“Il y a eu une crise”
“Il y a eu plein de voix discordantes dans l’After, Flo (Gautreau, défenseur de Luis Enrique) a dit ce qu’il avait à dire”, a-t-il débuté. “Kevin Diaz, plus comme homme de terrain, a tout le temps cru à son idée de jeu, à ce qu’il était en tant qu’entraîneur. Moi, j’accorde beaucoup d’importance à la com et j’ai dit que c’était quelqu’un qui ne m’intéresse pas, que son documentaire ne m’a pas intéressé, que je pense la même chose que la journaliste espagnole (qu’il a critiquée samedi). Mais c’est comme ça, ça fait partie de la vie. A partir du match contre City, tu prends ta bagnole, tu la ranges et tu dis: ‘c’est bon, il n’y a plus rien à dire, tu t’es adapté, tout va bien’. Mais ceux qui arrivent en disant ‘j’avais tout vu, je savais tout‘… tu ne peux pas savoir à quel point je m’en tamponne.”
“Sur le récit de l’année, oui, le 30 novembre après Nantes, il y a eu des vraies questions”, reprend-il. “Je me suis interrogé auprès des gens du club si on était obligé de parler comme ça aux journalistes, notamment après l’affaire Margot Dumont et on m’a répondu: ‘on pense que ce n’est pas utile d’être dans ce rôle’. J’ai noté qu’après, il n’y avait plus ça et ça ne m’a plus gêné. Au sujet du management, regardez toutes les images de Dembéle qui sort du terrain à l’époque après Arsenal et vous verrez le regard qu’il adresse à Luis Enrique, il n’y en a pas. Donc, il y a eu une crise. Le directeur sportif (Luis Campos), qui a toujours soutenu Luis Enrique, s’est néanmoins interrogé en se disant: ‘est-ce que ça va marcher ou non?’ Il y a eu de vrais questionnements. Dire ‘je n’y crois pas’ comme je l’ai fait, c’est vrai que je n’y croyais pas, et alors? Tant mieux si ça s’est passé autrement.”
“La com est différente, le mec fait tout pour parler en français, il n’envoie plus valser les journalistes”
“En décembre, Florent (Gautreau) disait: ‘ce n’est pas grave si on ne sort pas de la poule’, moi, je trouvais ça incroyable qu’on puisse de dire ça mais il a fait partie de ceux qui croyaient que le projet pouvait fonctionner comme ça sans pour autant imaginé que ça irait jusqu’au bout”, ajoute Daniel Riolo. “On m’a présenté l’ordinateur avec les neufs coachs qui devaient venir (en 2023) et j’avais dit ‘oui, j’aime bien ce coach (Luis Enrique)’ mais j’avais dit que j’aimerais bien que ce soit un ancien joueur parisien et j’avais donné mon avis sur Thiago Motta. Mais Luis Enrique, il n’y avait aucun problème même si je n’avais pas aimé ce qu’il avait fait au Barça, ni avec l’équipe d’Espagne, il y avait plein de choses qui me gênaient sur sa personnalité. Mais ce que je vois depuis six mois, la com est différente, le mec fait tout pour parler en français, il n’envoie plus valser les journalistes à part samedi. Quand tu gagnes, tout est excusé. Il a gagné et tout va bien.”
Confronté à ses déclarations du début de saison par les autres membres de l’After Foot, Daniel Riolo ne varie pas sur ce qu’il pensait du début de saison parisien mais reconnait un vrai virage chez Luis Enrique. “Quand tu passes d’une équipe où tous les jours, c’est différent, certains disaient, on n’en pouvait plus d’essayer de deviner les équipes. Et tout d’un coup, il ne s’est plus passé tout ça.”
“Même Guardiola change moins, donc je lui dis bravo”
Selon lui, l’Espagnol n’était pas loin, à un moment de la saison, de perdre son vestiaire, avant la victoire salvatrice contre Manchester City (4-2) en janvier. “A partir de City, je ne n’ai plus rien dit, j’ai rangé la bagnole”, fait-il remarquer. “La seule chose, c’est que j’ai dit que pas une seule seconde – au vu de son passé- , il ne pouvait se remettre en question et changer or, c’est ce qu’il a fait dans le vestiaire en disant à ses joueurs: ‘il y a un problème de communication entre nous, si ça ne va pas, je pars’. Il l’a dit lui-même. Je suis le club avec des infos, pas avec du sentiment même si mes sentiments étaient plutôt négatifs sur l’aspect humain. A partir du moment où je constate qu’il est capable de changer – ce en quoi je n’ai jamais cru… Je ne croyais pas à sa capacité à évoluer, à changer, à s’adapter notamment aux joueurs, comme quand Doué lui a dit que ‘faux 9, ce n‘est pas trop pour moi’. Ensuite intervient le déclic qui fait changer une saison et derrière, c’est une statue, c’est Dieu. C’est comme les Guardiola ou Sacchi, des entraîneurs que j’aime beaucoup mais qui me posent un problème dans leur incapacité à évoluer. Même Guardiola change moins, donc je lui dis bravo et je n’imaginais pas que tu puisses le faire.”