© Fabrice ROBIN
On est allé voir !
Par Armelle Héliot
Publié le
À Paris, au Théâtre de l’Atelier, Valérie Lesort met en scène et interprète, avec quelques camarades de haute volée, « Que d’espoir ! », un cabaret théâtral d’après des textes d’Hanokh Levin. Un régal.
Sur le plateau du théâtre de l’Atelier, à Paris, une petite porte s’ouvre à l’avant-scène. Se glisse un personnage au long nez pointu, visage un peu figé, qui s’adresse au public, fugitivement. Comme par magie, apparaît, dans les transparences d’un grand rideau pailleté de music-hall, un piano qui résonnera souvent dans ce spectacle.
Dans des lumières diffuses qui produisent une atmosphère onirique, ou dans des scènes très colorées, ce cabaret s’appuie sur la science et l’imagination de Carole Allemand, plasticienne, marionnettiste qui met au point accessoires, effets spéciaux, costumes. Valérie Lesort, ici interprète et metteuse en scène, est, elle aussi, experte en inventions de corps étranges, voire grotesques.
Un festival de férocité joyeuse
Avec Que d’espoir ! Cabaret théâtral, elle a réuni des textes féroces et très drôles de l’auteur Hanokh Levin. Né à Tel Aviv en 1943, ce dernier est mort prématurément en 1999. De Yaacobi et Leidental à Kroum l’ectoplasme, il est universel grâce ses textes brefs de cabaret sarcastique.
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Que d’espoir ! constitue un festival de férocité joyeuse. Entourée de l’ultra-doué Charly Voodoo, pianiste, compositeur, artiste pluridisciplinaire, d’Hugo Bardin, qui a, lui aussi, plusieurs cordes à son arc, du comédien David Migeot, Valérie Lesort s’en donne à cœur joie. Elle, si jolie, si harmonieuse, se plaît à s’enlaidir ! Hugo Bardin est musicien, comédien, réalisateur, drag-queen. Il enchaîne les apparitions avec malice. Essentiel, lui aussi, David Migeot, se transforme et se plie à la rapidité étourdissante imprimée par la metteuse en scène. Elle a imaginé des fondus-enchaînés dans les changements et c’est étourdissant !
Des caricatures… fines
On ne cesse de rire car Hanokh Levin cultive l’absurdité, ne craint pas les énormités comiques, et les artistes expriment à merveille ses exagérations. Les interprètes savent tous chanter. Laurence Sendrowicz, traductrice d’Hanokh Levin, a repris les chansons et Charly Voodoo, vedette du cabaret Madame Arthur, a composé les musiques, les joue, les chante. Les interprètes servent la caricature, mais demeurent sensibles, accessibles, humains. Cela donne une grande force au spectacle.
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Valérie Lesort est vraiment étonnante. Il y a quelques semaines à peine, on applaudissait à tout rompre sa mise en scène de la version lyrique des Contes de Perrault de Félix Fourdrain. Quelques mois auparavant, elle créait, et jouait, Les Sœurs Hilton d’après l’histoire vraie de siamoises américaines. Des spectacles partout demandés. Elle a également veillé à la reprise du Domino noir et de Petite balade aux enfers de l’Opéra-Comique à une tournée internationale. À l’Atelier, elle est en alternance avec une autre princesse des planches, Céline Milliat-Baumgartner. Voyez les deux !
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Théâtre de l’Atelier, 75018 Paris. Durée : 1 h 10. Les textes d’Hanokh Levin dans les traductions de Laurence Sendrowic sont publiés par Théâtrales.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne