Trois enlèvements en quatre mois : en France, les kidnappings contre rançon en cryptomonnaies se multiplient depuis le début de l’année. Tous ont en commun une extrême violence. Après le rapt du cofondateur de Ledger en janvier, le père d’un crypto-millionnaire a été libéré samedi soir à Paris, deux jours après son enlèvement. Début janvier, un homme de 56 ans avait déjà été retrouvé dans le coffre d’une voiture près du Mans, loin de son domicile dans l’Ain.
« Les groupes criminels traditionnels qui dépendaient autrefois de l’argent liquide se tournent de plus en plus vers les cryptomonnaies pour tenter de dissimuler les recettes, de faciliter les paiements et d’échapper à la détection », note dans son rapport annuel Crypto Crime 2025 la société d’études Chainalysis. L’appât du gain est aussi l’un des premiers facteurs : à plus de 90 000 dollars le jeton, le bitcoin a vu sa valorisation atteindre 1,3 trillion de dollars.
D’après le journal Le Parisien, lors du dernier enlèvement à Paris, « les malfaiteurs auraient réclamé entre 5 à 7 millions d’euros sous forme de virements en échange de sa libération ».
Autre caractéristique de ces crimes, ils sont perpétrés par des malfaiteurs particulièrement jeunes. Dans le cas de David Balland, sept suspects mis en examen étaient âgés de 20 à 20 ans. Le commanditaire présumé qui opérait depuis sa prison à Angers était âgé de 26 ans. Dans l’affaire du second enlèvement, celui du père d’un entrepreneur en cryptomonnaies, les cinq personnes interpellées ont entre 20 et 27 ans. Dans ces deux affaires, la victime a eu un doigt sectionné afin d’accélérer le versement de la rançon.
L’accès au portefeuille numérique
« Si les réseaux criminels organisés traditionnels se sont tournés vers les cryptomonnaies pour leur rapidité et leur anonymat apparent, ils manquent souvent de l’expertise technique nécessaire pour dissimuler efficacement leurs activités. Par conséquent, ils exposent involontairement leurs transactions financières, ce qui permet aux enquêteurs de remonter plus facilement à leurs opérations », précise encore le rapport qui note l’arrivée des cartels de la drogue sur ces opérations.
Partout dans le monde, les agressions à l’encontre de détenteurs de crypto, et principalement de bitcoin, la mieux valorisée, se multiplient. Fin novembre, à Toronto, le PDG d’une entreprise crypto a été enlevé en pleine ville « à l’heure de pointe », précise Radio Canada, avant d’être libéré contre une rançon de 1 million d’euros.
Aux États-Unis, un homme de 24 ans, était à la tête d’un réseau de voleurs qui s’est livré à de violentes invasions de domicile dans plusieurs États, dont la Caroline du Nord, la Floride, le Texas et l’État de New York. Les victimes ont été maîtrisées et forcées de donner accès à leurs portefeuilles et comptes de cryptomonnaies.
Un autre type d’agression est en plein essor : « le vol d’un téléphone portable ou d’un appareil personnel s’intensifie lorsque les agresseurs découvrent qu’il contient un portefeuille de cryptomonnaies », selon Chainalysis.
Sur le volet informatique, la recrudescence des attaques est aussi avérée. En 2024, les rançongiciels contre paiement en crypto ont atteint des sommets en avec 5 635 incidents signalés publiquement, selon le rapport 2025 de TRM labs.
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