Ce mercredi matin, sous sa tente, Wafa Mghames a laissé ramollir des pâtes cuites dans de l’eau. Elle y a ajouté du riz brisé et les derniers verres de farine de blé de son colis d’aide humanitaire. Avec cette préparation, la Palestinienne de 60 ans a formé des semblants de galettes de pain, qu’elle est partie cuire dans le four d’un marchand.
« Je suis revenue toute noire à cause de la fumée, raconte-t‑elle par téléphone, après une heure et demie de queue. Ici, on brûle ce qu’on trouve pour cuisiner. Du bois, du plastique, des papiers… »
En un an et demi de bombardements israéliens, Wafa Mghames a été déplacée cinq fois. À coups de SMS ou de bouts de papier jetés du ciel, l’armée israélienne ne cesse d’ordonner l’évacuation des 2,2 millions de Gazaouis, quartier après quartier. Wafa Mghames est ainsi passée par trois appartements, dans les villes de Gaza et de Nusseirat, avec ses trois enfants et leurs familles. Puis ils ont dormi dans une école à Deir el-Balah. Ensuite est venu le temps des tentes, la première à Rafah, à l’extrémité sud, et son abri actuel, bricolé avec de simples bâches, du côté de Khan Younès.