Le Stade Rennais reçoit le PSG ce samedi à 17h15 au Roazhon Park (25e journée de Ligue 1). Un match forcément particulier pour Désiré Doué, qui va retrouver pour la 1ère fois son club formateur où il a débuté le foot à l’âge de 6 ans, alors que le milieu offensif, de plus en plus performant, semble changer de dimension ces dernières semaines.
Il a déjà refoulé la pelouse du Roazhon Park. C’était il y a 10 jours lors de la large victoire du PSG face à Saint Brieuc (7-0) en Coupe de France. Dans les tribunes ce soir-là, les supporters bretons n’ont vu que lui. Désiré Doué à droite. À gauche. Au centre. Auteur d’un but, de deux passes décisives et impliqué dans quasi tous les bons coups, le milieu de terrain a régalé. Bien sûr, ce n’était que le Petit Poucet de National 2 en face. Mais les nombreux fans rennais présents en tribunes ont pu mesurer de visu les progrès réalisés par leur ancien protégé. Des progrès que Doué montre désormais à chaque sortie avec le PSG en Ligue 1 et en Ligue des champions.
Se souvenir de Désiré Doué à Rennes, c’est se rappeler d’un pur produit de la formation, d’un phénomène de précocité et d’une étiquette de futur très grand déjà collée sur le front, le plaçant avant même ses débuts dans la catégorie d’un Ousmane Dembélé ou Eduardo Camavinga. Premier contrat professionnel à 16 ans signé en avril 2022. Premier match quatre mois plus tard. Premier but en Ligue 1 à Brest et ce premier but en Ligue Europa le 6 octobre 2022, où il donne la victoire à Rennes face au Dynamo Kiev à 17 ans 4 mois et 3 jours, faisant de lui le plus jeune buteur français de l’Histoire en Coupe d’Europe. En deux saisons, de ses 17 à 19 ans, Doué a joué 76 matchs avec le Stade Rennais (38 titularisations 8 buts 6 passes) et laisse à Rennes le souvenir d’un gamin au talent immense, à la qualité technique hors norme, capable de gestes rares mais aussi d’un jeune joueur encore inconstant, parfois trop individualiste et attiré par le dribble inutile.
Individualisme, dribbles inutiles… il a gommé ses défauts
Sept mois après son arrivée à Paris pour un transfert estimé à 50 millions d’euros minimum (2ème plus grosse vente du club après les 60 millions de Doku à Manchester City), Doué semble gommer tous ses défauts. Comme une sorte de métamorphose vers le très haut niveau. “Il a quand même fait des choses ici à Rennes qui ont été marquantes”, rappelle Habib Beye, l’entraineur rennais. “Mais c’est certain que quand vous êtes dans un club comme le Paris Saint-Germain, votre progression naturelle peut être à vitesse grand V parce que vous êtes confronté à des compétitions qui vous font progresser. C’est un garçon qui a pris de l’ampleur, qui a pris énormément de temps de jeu, qui joue dans des grands matchs, et qui se développe très très vite avec des qualités innées.”
Arnaud Kalimuendo, son ancien coéquipier, poursuit : “Personnellement, je le suis vraiment beaucoup. Je suis très content pour lui. Arriver dans un club comme le PSG, on connaît le contexte”, indique l’attaquant, ancien titi formé dans le club parisien. “Là, il monte en puissance. Il est beaucoup plus efficace. Maintenant, c’est à lui de continuer à performer parce que le plus dur dans le haut niveau et dans ce genre de club, c’est la constance. Mais il a tout pour lui. Il a le talent. Il est très professionnel. C’est un très bon jeune homme. Je lui souhaite simplement le meilleur et ça va me faire plaisir de le revoir parce que ça fait un petit moment quand même.”
Si Désiré Doué a mis du temps à s’acclimater et à se faire sa place dans le onze parisien, le principal intéressé et ses proches n’ont jamais douté. Arrivé à Paris sans préparation, il se blesse à la cheville contre Reims le 21 septembre et rejoue 4 jours plus tard en Ligue des champions contre Arsenal, ce qui était visiblement un peu prématuré. La suite a pris du temps sans affolement. Doué n’est pas allé au rassemblement des Espoirs et sa montée en puissance a été graduelle. Le milieu offensif prend aujourd’hui de mieux en mieux ses marques, aidé par le soutien fort de son coach qui avait fait de son recrutement une vraie priorité. Luis Enrique le voulait absolument.
Cette confiance totale avait été primordiale dans le choix de signer au PSG à l’intersaison, alors que d’autres grands noms européens se bousculaient. Dans le club parisien, tout le monde est content de sa situation. Doué sert à l’équipe. Il a un gros volume de course mais a encore une grande marge de progression. Luis Enrique a un joyau à polir pour arriver au top niveau. “On n’est pas surpris de ce qu’il fait sur le terrain. C’est le futur très grand de l’équipe de France”, confie-t-on dans son entourage. Doué semble programmé depuis son plus jeune âge. Un peu comme Kylian Mbappé, il est hors du temps. Quand il est sur le terrain, il se passe quelque chose dès qu’il touche le ballon.
Trois siestes par jour
Comme le disait plus tôt Arnaud Kalimuendo, Désiré Doué se comporte comme un grand professionnel au quotidien, nous assure t-on. Un analyste vidéo, un préparateur physique et un kiné le suivent au quotidien. Il s’applique à lui-même un travail très strict. Il fait beaucoup de soins avant et après les séances, fait trois siestes par jour et, côté diététique, a embauché un chef à domicile. “On fait attention au moindre détail. Maintenant on dit ‘tranquille'”, ajoute ses proches. “Dans un ou deux ans, il n’est pas impossible qu’il devienne le dépositaire du jeu avec Joao Neves. Mais en attendant il ne faut pas se presser. Il y a une hiérarchie. C’est sa première saison, cela a été très claire dans sa tête. C’est une saison d’adaptation. Il n’y a pas le feu au lac.”
Tête bien faite, Désiré Doué est aussi décrit comme un garçon bien élevé et respectueux, entouré par une famille comme un clan. Son papa est très présent, très à cheval sur la discipline pour Désiré comme pour son ainé Guela, aujourd’hui à Strasbourg. Ce sont ses fils qui sont allés dans le foot. Leur père les a accompagnés dans cette volonté-là en leur donnant une condition: “le faire à 200%”. Son principal soutien reste son grand frère, les meilleurs amis.
Descendu dans le vestiaire breton lors de Rennes-Strasbourg, début février
“Mon frère est comme mon jumeau. On s’est toujours considéré comme ça”, racontait Doué il y a quelques semaines chez nos confrères de Téléfoot. “On a cette complicité qui est extraordinaire. On se dit beaucoup de choses. On se dit tout. C’est une aide exceptionnelle au quotidien pour moi.” Les frères Doué partent toujours en vacances ensemble. Sur ces jours de repos, Désiré Doué va lui rendre visite à Strasbourg ou retourne à Rennes, combinant les deux le 2 février dernier. Lors de Rennes-Strasbourg, quand Désiré est retourné au Roazhon Park pour voir jouer son frère, le voir donner le coup d’envoi de la rencontre a un temps été envisagé. Il a assisté au match avec sa famille et est descendu dans le vestiaire de Rennes. Il a alors discuté avec le président et Habib Beye. Désiré Doué reste apprécié au sein du club breton. Il est attaché à Rennes et y va dès qu’il peut, tout comme à Strasbourg, où joue son frère. Samedi, pour Rennes-PSG, toute sa famille sera au match.
Habib Beye se souvient de sa rencontre avec Désiré Doué le 2 février dernier lors de Rennes-Strasbourg. “Il était venu nous voir. J’étais très content de le rencontrer parce que c’est quelqu’un qui aime le Stade Rennais. Il sait ce qu’il a vécu ici. On sera content de le retrouver un tout petit peu avant, peut-être après, mais pas pendant.”
Le Roazhon Park devrait réserver à Doué un bel accueil, à l’image de celui réservé à Ousmane Dembélé, rentré un peu plus fort dans les cœurs des fans bretons, comme le prouve son portrait sur le Mur des légendes. En espérant que les deux anciens ne leur feront pas trop de mal.