Revenir à l’âge de 62 ans pour partir à la retraite ne se fera pas à coups de baguette magique. Sur la foi des calculs réalisés par la Direction générale du Trésor, tirer un trait sur la réforme Borne coûterait 24 milliards d’euros à l’horizon 2030. Une somme rondelette, pas facile à trouver. Mais pas impossible du tout, avec un peu d’imagination et de courage. Voici sept pistes pour relever ce défi budgétaire.
Favoriser l’emploi des seniors
Une spectaculaire remontada. Dans le privé, les nouveaux retraités partent désormais à 63 ans et 4 mois, contre 61 ans en 2008. Ces quelques mois supplémentaires au travail ont même permis à la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) d’afficher un excédent en 2023. Cependant, la France pâtit singulièrement du médiocre taux d’activité de ses seniors. À 64,3 %, il reste en deçà des 68,5 % observés en moyenne dans l’UE. Certes, officiellement, le taux de chômage des seniors reste mesuré : autour de 6,4 %. Mais il masque un nouveau phénomène délétère : la croissance du nombre de seniors qui ne sont plus en emploi, mais pas encore à la retraite, notamment des femmes. Entre 55 ans et 61 ans, ces « NER » (ni en emploi ni en retraite) pèseraient déjà 22 % de cette cohorte ! Ce gâchis de compétences priverait le pays d’environ 10 milliards de recettes supplémentaires selon les syndicats CFE-CGC et CFDT.
À qui la faute ? La France paie le peu d’empressement des employeurs à prendre en compte, dès 45 ans, la pénibilité de leurs métiers. Dès 2019, les retraites précoces pour inaptitude à 62 ans représentaient 17 % des départs. Ensuite, les 55-64 ans se retrouvent victimes des préjugés de l’« âgisme ». Ils postulent même à des jobs en dessous de leurs qualifications. Un quart s’estime discriminé sur l’âge lors d’un entretien d’embauche (43 % pour les seniors d’origine étrangère), selon l’enquête de la Défenseure des droits Claire Hédon. Les jeunes générations les considèrent de santé fragile, dépassés par les nouvelles technologies ou trop coûteux.