Le conclave sur la réforme des retraites arrivera-t-il à son terme ? Rien n’est moins sûr. Ce mercredi, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a affirmé que le conclave ne pouvait pas continuer « tel qu’il existe ». « Jeudi, (…) on va définir des nouvelles règles et des nouveaux sujets », a-t-elle déclaré au micro de BFMTV/RMC.
Au lendemain d’une rencontre avec François Bayrou à Matignon, elle a précisé qu’elle « s’affranchit » désormais « de la lettre de cadrage » du gouvernement et entend négocier « avec ceux qui ont envie vraiment de travailler » pour ouvrir « un autre » conclave.
La patronne de la CFDT n’est pas la seule à remettre en question le dispositif entamé depuis janvier. Avant elle, l’organisation patronale U2P a claqué la porte quand la CGT a menacé de le faire. La Tribune revient sur les rebondissements qui jalonnent la tenue de ce conclave dans une série d’articles.
✍ La réforme des retraites au centre de la table
Lors de son lancement, le 17 janvier, l’objectif du conclave était de réunir les syndicats et le patronat pour discuter de la réforme des retraites, entrée en vigueur en 2023. Le Premier ministre a ainsi octroyé un délai allant jusqu’au mois de mai aux partenaires sociaux pour travailler.
Le nouveau locataire de Matignon s’est montré très enthousiaste « face au volontarisme des partenaires sociaux » et confiant quant à sa méthode « inédite ».
Mais les marges de manœuvre pour revenir sur l’impopulaire réforme se sont révélées, dès le début, minces et les désaccords importants.
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✍ Syndicats et patronat divisés sur le report de l’âge de départ
Les partenaires sociaux ont, en effet, commencé ce conclave avec des positions radicalement différentes.
Pour les syndicats, la priorité demeure d’abroger le décalage de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, inscrit dans le texte de 2023. À l’inverse, le patronat refuse tout retour en arrière. Patrick Martin, patron du Medef, avait ainsi expliqué qu’« une éventuelle révision de la réforme des retraites ne saurait porter atteinte à son rendement ni conduire à un alourdissement du coût du travail, alors que la conjoncture est tendue et que l’intensité de la compétition internationale va s’exacerber dès les prochaines semaines. »
De quoi signer la fin des échanges pour Force ouvrière qui a claqué la porte des négociations le 27 février, une quinzaine de minutes seulement après le début de la première réunion entre partenaires sociaux. L’organisation a indiqué refuser de participer à une « mascarade », selon son négociateur.
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✍ François Bayrou exclut un retour à 62 ans
D’autant que l’organisation patronale a reçu le soutien du Premier ministre. Interrogé sur France Inter et Franceinfo dimanche 16 mars sur la possibilité d’un retour à 62 ans, le François Bayrou a répondu « non ». « La conférence sociale sait très bien (…) quel est le rapport numérique (…). Je ne crois pas que la question paramétrique (…) c’est-à-dire la question de dire “voilà l’âge pour tout le monde”, je ne crois pas que ce soit la seule piste », a-t-il ajouté.
« C’est scandaleux, » a alors répondu le négociateur de la CGT sur les retraites Denis Gravouil, en estimant « qu’on ne peut pas faire confiance à François Bayrou. »
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✍ L’U2P claque la porte du conclave
Du côté du patronat, c’est l’U2P, l’organisation patronale qui représente les très petites entreprises, qui a affirmé sortir du conclave mardi 18 mars. « Nous voulons contribuer à une prise de conscience générale, a justifié l’organisation qui représente les très petites entreprises et les sociétés de proximité. Est-il sérieux, dans un contexte de déficits structurels et de projections alarmantes de continuer à emprunter la voie d’un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, ou d’une réduction de la durée d’activité requise », a-t-elle poursuivi. Et d’ajouter : « Le bateau France prend l’eau et l’orchestre des partenaires sociaux continuerait de jouer comme si de rien n’était ? L’U2P s’y refuse. »
De leur côté, le Medef et la CPME, n’avaient pas prévu pour l’heure de suivre le mouvement de leur homologue.
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C’est désormais la CFDT qui remet en question sa participation aux discussions, assurant toutefois vouloir rester à table mais en redéfinissant les « règles » et les sujets du conclave.
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Maxime Heuze