Coupes budgétaires en vue outre-Manche. La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, doit prononcer un discours sur les finances publiques le 26 mars prochain, en parallèle à la présentation des nouvelles prévisions de l’Organisme public de prévision budgétaire (OBR). EDes coupes « politiquement douloureuses » dans les prestations sociales pourraient y être dévoilées en amont, dans un discours de la ministre du Travail Liz Kendall, affirme ce mercredi la BBC.
« Le monde a changé » depuis la présentation du budget du pays en octobre, selon des sources gouvernementales citées par le média britannique. Celles-ci estiment que la marge de près de 10 milliards de livres (12 milliards d’euros) dont la ministre disposait alors s’est réduite comme peau de chagrin.
Interrogé par l’AFP, le gouvernement « ne commente pas les spéculations », a indiqué un porte-parole. Il a toutefois ajouté que l’exécutif présentera « au printemps des réformes des prestations de santé et d’invalidité » qui seront notamment « plus équitables envers les contribuables ».
Un budget déjà serré
Pour rappel, le premier budget du gouvernement travailliste, arrivé au pouvoir en juillet 2024, tel qu’annoncé en octobre prévoit 40 milliards de livres (48 milliards d’euros) de hausses d’impôts. Parmi elles, un accroissement des cotisations patronales, appréhendé et décrié par les entreprises, qui doit rapporter plus de la moitié des nouvelles recettes (25 milliards de livres par an). Autres sources de recettes et d’économie : la hausse de l’impôt sur les plus-values ou la TVA sur les écoles privées. Mais aussi la fin du chèque énergie pour des millions de retraités, un choix très contesté, y compris d’ailleurs chez les sympathisants du parti au pouvoir.
L’OBR considère ainsi que le niveau de taxation britannique passera de 36,4 % du PIB en 2024-2025 à 38,3 % en 2027-2028. Soit « un plus haut historique ». Une politique défendue par Rachel Reeves. « Nous devons rétablir la stabilité économique et tourner la page des quatorze dernières années », avait justifié la ministre, ciblant les précédents gouvernements conservateurs. Elle avait alors de nouveau dénoncé un « trou noir » de 22 milliards de livres (26 milliards d’euros) dont elle aurait hérité dans les finances publiques, et insisté sur l’énorme dette du pays, s’élevant à 100 % du PIB.
En parallèle de ces augmentations fiscales, le gouvernement a promis 100 milliards de livres d’engagements sur cinq ans pour les services publics et les infrastructures. Notamment pour les écoles, le logement et surtout le NHS, le système de santé britannique à bout de souffle. Un déblocage de fonds rendu possible par une modification à venir des règles budgétaires, une pirouette comptable pour emprunter plus, mais uniquement pour investir. « Le seul moyen d’améliorer le niveau de vie et de stimuler la croissance économique est d’investir », avait martelé Rachel Reeves.
Climat d’incertitude
Sauf que depuis cette présentation, il y a moins de cinq mois, la donne a changé. Les taux d’emprunt de la dette britannique ont atteint en janvier leur sommet depuis vingt-cinq ans — avant de redescendre un peu. Et aux difficultés économiques s’est ajoutée l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, dont les droits de douane pourraient encore entraver l’activité.
Par ailleurs, compte tenu du flou sur le sujet de la guerre en Ukraine, le gouvernement a décidé la semaine dernière d’augmenter ses dépenses de défense. Dans un discours non programmé devant la Chambre des communes, le Premier ministre Keir Starmer a déclaré que le budget de la défense passerait à 2,5 % du PIB en 2027, contre 2,3 % actuellement. Avec l’« ambition » d’atteindre 3 % « durant la prochaine législature », soit à partir de 2029.
Il est déjà prévu que cette hausse des dépenses de défense se fasse au détriment du budget britannique consacré à l’aide internationale au développement. Celle-ci passera de 0,5 % à 0,3 % du PIB sur la période. « Ce n’est pas une annonce que je suis heureux de faire », mais la sécurité des Britanniques est « la priorité numéro un de ce gouvernement », a défendu Keir Starmer. D’autres, pas plus réjouissantes, devraient donc encore arriver.
(Avec AFP)
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