[Article publié le samedi 12 avril 2025 à 12h55, mis à jour à 13h]
Le Parlement britannique, réuni en urgence samedi, a entamé ses débats pour donner au gouvernement le contrôle des deux derniers hauts fourneaux du pays, menacés de fermeture imminente par leur propriétaire chinois. Le projet de loi, qui doit être voté dans la journée, donnerait au gouvernement « le contrôle » du site de British Steel à Scunthorpe (nord), possédé par Jingye et où 2 700 emplois sont en jeu. Il a précisé que le projet de loi « ne transfère pas la propriété » de British Steel au gouvernement, mais ajouté que cette option « reste sur la table », laissant penser qu’une nationalisation est possible à terme.
Le rappel du Parlement un samedi, événement rare qui intervient pour la première fois depuis 2019, témoigne de l’importance du dossier pour le gouvernement. « Il n’y a plus de temps à perdre », la sécurité économique du pays est « en jeu », avait justifié vendredi le Premier ministre britannique Keir Starmer après le rare rappel des deux chambres un samedi. Interrogé sur une éventuelle nationalisation du site, M. Starmer a indiqué « que toutes les options sont sur la table ». Il a également déclaré que des négociations avaient été engagées depuis un certain temps avec le groupe chinois.
814 000 euros de perte par jour
Le sidérurgiste, qui emploie au total 3 500 personnes en Angleterre, a annoncé fin mars son intention de fermer début juin ses deux hauts fourneaux, ses opérations de fabrication d’acier et de réduire la capacité du laminoir à acier de Scunthorpe. L’entreprise fait valoir que les deux hauts fourneaux, les derniers d’Angleterre, ne sont plus rentables. Elle affirme perdre 700 000 livres (814 000 euros) par jour en raison de conditions de marché « très difficiles ». Cet ancien fleuron britannique est en difficulté depuis des années. Il avait été sauvé de la faillite par l’entreprise chinoise en 2020.
Ce vote intervient sur fond de tensions entre les autorités britanniques et British Steel sur une aide publique pour l’aider à passer aux fours à arc électrique, moins polluants et nécessitant moins de mains d’œuvre. « Depuis notre arrivée au pouvoir, nous avons négocié de bonne foi avec les propriétaires de British Steel. Nous avons toujours été clairs sur le fait que l’avenir de l’acier au Royaume-Uni était prometteur », a encore ajouté le porte-parole du Premier ministre vendredi.
Jingye voulait «beaucoup trop»
Mais Jingye voulait « beaucoup trop » a résumé le ministre au Commerce Jonathan Reynolds, ce samedi devant les députés. « Le gouvernement britannique a proposé d’acheter des matières premières d’une manière qui aurait garanti qu’aucune perte ne serait subie par Jingye pour maintenir les hauts fourneaux pendant un certain temps », a-t-il notamment précisé.
Il a ajouté que Jingye réclamait que le gouvernement leur donne « des centaines de millions de livres », avec le risque que ces millions soient transférés en Chine.
(Avec AFP)
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