Plus de 10 % en glissement annuel. L’inflation en Russie a atteint son niveau le plus haut depuis février 2023, a annoncé mercredi l’agence nationale de statistiques Rosstat. Elle culmine, précisément, à 10,06 % sur un an, contre 9,9 % en janvier.
La hausse des prix en Russie est notamment alimentée par l’envolée des dépenses de défense pour poursuivre l’assaut en Ukraine, les effets des sanctions occidentales, et des salaires en hausse, conséquence des pénuries de main-d’œuvre sur le marché du travail.
L’augmentation des prix du beurre et de l’huile de tournesol avait fait à l’automne les gros titres de la presse russe, rappelant le mécontentement provoqué en 2023 par l’explosion du prix des œufs. Le tarif du beurre a, en effet, grimpé de 36 % en 2024, selon l’agence statistique publique Rosstat, tandis qu’en moyenne les prix alimentaires ont connu une hausse de 11 % sur l’année. Un sujet politiquement sensible, dans un pays marqué par les crises et l’inflation des années 1990.
En décembre, Vladimir Poutine avait décrit la hausse des prix comme « un signal préoccupant », un rare aveu de la part du maître du Kremlin qui vante pourtant régulièrement la résistance de l’économie nationale face aux lourdes sanctions occidentales.
Taux directeur élevé
Pour tenter de contenir et réduire l’inflation, la Banque centrale de Russie (BCR) mène de son côté une bataille féroce depuis de longs mois. Elle avait relevé fin octobre 2024 son taux directeur à 21 %, un niveau jamais vu depuis 2003, sans pour autant réussir depuis à infléchir la courbe de la hausse des prix.
Cette politique monétaire a, en parallèle, entraîné la colère de nombreux entrepreneurs qui peinent à emprunter, les taux bancaires pouvant atteindre 30 %. Mi-février, la BCR avait relevé ses prévisions d’inflation pour l’année 2025, attendue désormais entre 7 et 8 %, soit bien plus que les projections antérieures qui étaient une hausse de 4,5 à 5 %.
Parmi les autres sujets d’inquiétude : les risques croissants de faillites d’entreprises et une décélération de l’activité attendue en 2025. La croissance du PIB russe a malgré tout atteint 4,1 % en 2024 et celle de 2023 a été revue en hausse à ce même taux. Ces deux années ont connu les taux de croissance les plus hauts depuis 2021, et le rebond d’activité post Covid-19. Mais une étude d’experts de la BCR, publiée cette semaine, s’attend à une croissance autour de 1,6 % cette année.
(Avec AFP)
À lire également
latribune.fr