En plein débat sur la loi sur la fin de vie – scindée en deux textes portant sur les soins palliatifs d’un côté et l’aide à mourir de l’autre –, Dominique, 64 ans, revient pour « Marianne » sur le voyage en Belgique de sa compagne de 67 ans afin de recourir à l’euthanasie, en février 2024. Comme Isabelle (dont le prénom a été modifié), cette année-là, 106 personnes ont traversé la frontière pour bénéficier de cette procédure, légalisée dans le pays en 2002.
Jusqu’à la fin, j’ai eu un doute sur sa capacité à aller au bout de la démarche. Ma compagne, Isabelle, était atteinte d’une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), qu’on lui a diagnostiquée en 2016. C’est une maladie respiratoire dont on ne connaît pas le délai d’évolution : le patient peut rester dans un état stationnaire pendant très longtemps – et c’est ce qui lui est arrivé pendant cinq ans.
Pendant toutes ces années, elle a assisté à de nombreux stages de réadaptation de la respiration dans des établissements de cure pour apprendre à vivre avec ces difficultés. Ma compagne y a rencontré des personnes atteintes de la même maladie mais à des stades plus avancés. De fait, elle avait conscience que son issue était inexorable. Dès 2017, Isabelle a donc commencé à se renseigner sur les diverses méthodes pour avoir recours à l’euthanasie. En France, elle a pu constater que les possibilités étaient très réduites et ne lui permettaient pas d’atteindre son objectif.