“Sans lui, la Bolivie ne serait pas devenue une industrie de la cocaïne” : Klaus Barbie, le nazi devenu narcotrafiquant

De la Gestapo au narcotrafic, n’y aurait-il finalement qu’un seul pas ? Selon une longue enquête, publiée par le magazine allemand Der Spiegel ce vendredi 9 mai, Klaus Barbie – également connu sous le surnom de « boucher de Lyon » –, a joué un rôle central dans le développement du trafic de cocaïne en Amérique latine. « Sans lui, Roberto Suarez [un baron de la drogue bolivien, N.D.L.R.] ne serait sans doute pas devenu aussi puissant, la Bolivie ne serait pas devenue le berceau d’une industrie mondiale de la cocaïne, Pablo Escobar et le cartel de Medellín n’auraient pas grandi aussi vite », détaille le Spiegel, qui a eu accès à des archives de la CIA et du Congrès américain.

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Sous le nom de Klaus Altmann, l’Allemand, ex-chef de la police nazie à Lyon entre 1942 et 1943, débarque en Bolivie en 1951 pour fuir la justice française, qui le traque depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale pour avoir commandité l’assassinat, la torture et la déportation de résistants et familles juives. Il s’y forge une réputation locale, jusqu’à conseiller les présidents boliviens en matière de répression, une activité déjà connue. Il y fait également la connaissance du « roi de la cocaïne » à la fin des années 1970 et devient son conseiller en sécurité.

Collaboration avec Pablo Escobar

Barbie et Suarez « renversent le gouvernement bolivien, installent un régime corrompu qui alimente le trafic de drogue », peut-on lire dans l’article du Spiegel. Les deux hommes ont par ailleurs travaillé étroitement avec le Colombien Pablo Escobar, qui achemine la cocaïne vers les États-Unis. Le magazine allemand révèle également que la CIA était au courant de l’implication de Barbie dans le trafic de drogue. En 1982, l’alliance des militaires et des narcotrafiquants implose et Roberto Suarez est envoyé en prison en 1988.

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Klaus Barbie est, lui, extradé en France en 1983 après avoir été activement recherché par les époux Klarsfeld. Condamné pour « crime contre l’humanité », il meurt en prison en 1991, à 77 ans. L’enquête précise que la femme de Roberto Suarez était d’origine juive et que sa tante, résidant à Lyon, avait été déportée sur ordre de Klaus Barbie.