Il est l’un des principaux acteurs de l’adaptation du pays au nouveau désordre mondial. Ce très proche d’Emmanuel Macron nous a reçus vendredi matin à l’hôtel de Brienne, avant une nouvelle semaine très dense. Mardi, Paris accueillera une réunion de chefs d’état-major de pays alliés. Le lendemain, le ministre recevra une partie de ses homologues européens. Jeudi, il réunira les responsables de l’ensemble des groupes parlementaires pour les informer confidentiellement de l’état réel des menaces qui pèsent sur la France.
LA TRIBUNE DIMANCHE — Vous avez affirmé cette semaine que nous n’étions plus en paix. Comment qualifier alors la période que nous traversons ?
SÉBASTIEN LECORNU — C’est une période de rupture et elle est compliquée à expliquer, notamment parce que certaines menaces ne sont pas toujours visibles. Les Russes réinventent la guerre, c’est leur grande force. Ils ciblent notre démocratie et notre économie. La prochaine campagne présidentielle pourrait ainsi faire l’objet de manipulations massives, comme cela a été le cas en Roumanie. Sur notre économie, c’est encore plus préoccupant. Il y a par exemple les déstabilisations des flux maritimes, de la mer Rouge aux nombreux navires de la flotte fantôme civile russe qui s’en prennent à des câbles sous-marins ou à des infrastructures énergétiques. Les cyber-attaques sont aussi de plus en plus sophistiquées. L’intelligence artificielle va décupler ces capacités d’attaque. Cela concerne aussi bien la cyberprotection des médias que celle des entreprises ou des hôpitaux. Cela peut même aller plus loin : opérations de sabotage, planification d’assassinats ciblés contre des personnages clés du monde économique, interactions agressives avec nos forces armées…