Suite du feuilleton des supérettes 7-Eleven. Son propriétaire, le groupe Seven & i, a annoncé ce jeudi avoir conclu un accord pour céder son activité de supermarchés à une unité du fonds Bain Capital. Une opération à 5,37 milliards de dollars (4,98 milliards d’euros).
En parallèle, le géant nippon de la distribution projette de coter « sur l’une des principales Bourses américaines » sa filiale américaine exploitant les magasins de proximité 7-Eleven aux États-Unis. Une démarche qu’il envisage d’ici le second semestre 2026.
« Nous sommes convaincus que le moment est venu de passer à la vitesse supérieure dans nos initiatives. Notre direction poursuivra les efforts pour améliorer la valeur pour nos actionnaires et mettra en œuvre des politiques transformatrices », a déclaré le PDG sortant Ryuichi Isaka, président du distributeur nippon, cité dans le communiqué.
Envolée boursière
Les fonds issus de la vente de sa branche supermarchés permettront à Seven & i d’engager un massif rachat de ses propres actions à hauteur de 2 000 milliards de yens (12,4 milliards de d’euros) d’ici son exercice budgétaire 2030-2031, afin de muscler sa valorisation.
Cette annonce, d’abord sortie dans la presse via le média Bloomberg, a fait s’envoler le cours du groupe ce jeudi à la Bourse de Tokyo. Car ces rachats de titres se faisant d’ordinaire en offrant une prime par rapport au cours de Bourse, les investisseurs se sont rués dessus. Ainsi en début d’après-midi heure locale (6h30 du matin à Paris), l’action s’envolait de +6,95 %, à 2 137 yens, après avoir gagné plus de +10 % en cours d’échanges. Avant de finalement clôturer en hausse de +6,5 %. Avec ce bond enregistré ce jeudi, la valorisation boursière du groupe atteint désormais environ 5 680 milliards de yens (38 milliards de dollars).
Se renforcer face à Couche-Tard
Si Seven & i veut racheter ses propres actions, c’est pour se protéger d’une tentative de prise de contrôle hostile du géant canadien Alimentation Couche-Tard (ACT). Pour rappel, ce dernier lui a présenté en septembre une proposition de rachat. Rejetée dans la foulée par le groupe nippon car jugée sous-évaluée, il avait réitéré quelques semaines plus tard avec une offre améliorée valorisant l’entreprise japonaise à 47 milliards de dollars (43,5 milliards d’euros).
Pour se prémunir de toute velléité de prise de contrôle, la famille du fondateur du groupe, Masatoshi Ito, s’était alors mise à la recherche d’un partenaire pour racheter les titres de Seven & i et le sortir de la Bourse. Partenaire qu’elle pensait avoir trouvé en la société nipponne d’investissement Itochu. Mais ce projet a échoué la semaine dernière, Itochu ayant mis fin aux discussions.
Il n’en fallait pas plus pour qu’ACT revienne sur le devant de la scène, indiquant être toujours intéressé à « travailler de manière constructive » avec Seven & i « pour parvenir à un accord amical ». Le groupe nippon a alors expliqué continuer « d’évaluer une gamme complète d’alternatives stratégiques, y compris la proposition d’ACT ». Mais l’annonce de ce jeudi semble prouver qu’il ne souhaite pas conclure avec le grand distributeur canadien.
Potentiel changement de boss
L’entreprise va par ailleurs changer de PDG. L’actuel, Ryuichi Isaka, sera remplacé par Stephen Dacus « après l’assemblée générale annuelle du groupe en mai 2025 », précise Seven & i. Ce dernier est actuellement administrateur indépendant du groupe, dont il est membre depuis 2022. Il sera alors le premier dirigeant non-japonais du groupe.
Ces vingt dernières années, Stephen Dacus a occupé des fonctions exécutives au sommet du géant japonais de l’habillement Fast Retailing (Uniqlo), puis a dirigé la branche japonaise du mastodonte américain de la distribution Walmart. Il a ensuite été PDG de Seiyu, chaîne de supermarchés japonaise qui faisait alors partie du groupe Walmart. Une arrivée qui ne sera pas de tout repos tant les 85 000 magasins 7-Eleven, dans une vingtaine de pays attirent les convoitises.
(Avec AFP)
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