Quel souvenir garde-t-on de l’expérience de confinement liée à l’épidémie du Covid-19 ? Quelle mémoire intime a-t-elle su faire perdurer ? Dans un ouvrage de non-fiction au dispositif particulier (mélangeant à la fois journal de confinement, enquête auprès de ses amis quatre ans plus tard et insertion de phrases de discours politique), la romancière Sophie Divry tente avec « Pour tout le monde en même temps » (Seuil) une réponse à ses questions. Entretien.
Un texte court, composite, coloré en bleu turquoise à certains endroits : en revenant sur l’épidémie de Covid-19 et particulièrement sur la douloureuse période du premier confinement (mars-mai 2020), la romancière Sophie Divry a souhaité observer les choses de biais, avec le décalage nécessaire permettant la mise à distance des sujets graves.
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À travers la confrontation de son journal de confinement et d’une enquête qu’elle réalise quatre ans plus tard (en 2024, donc) auprès de ces amis avec lesquels elle avait échangé ou partagé des instants à cette période, c’est l’isolement, la souffrance, la liberté perdue puis retrouvée qu’elle vient questionner. Mais également l’oubli, le déni de souffrance, la réécriture avantageuse (trompeuse) d’une séquence traumatique. Pour tout le monde en même temps (Seuil) permet aussi d’établir ce paradoxe inédit : qu’une expérience vécue par chacun au même moment peut n’être pas collective.