Le discours du président de la République, en clôture de SOS Océan ce lundi 31 mars, était très attendu. Non pas pour des annonces particulières, dont on imagine bien qu’elles seront plutôt réservées à la Conférence des Nations-Unies pour l’Océan à Nice (Unoc-3) en juin prochain. Mais à l’heure où l’administration Trump tourne le dos aux enjeux climatiques, les propos du chef de l’Etat français étaient observés avec une haute attention, notamment par les ONG.
Emmanuel Macron a profité de cette prise de parole pour rappeler les huit objectifs qu’il faudra atteindre lors de cette Conférence internationale, le premier d’entre eux étant la ratification du traité de haute-mer, appelé aussi BBNJ. Cités également, la maîtrise de la surpêche, la protection de l’océan, la décarbonation du transport maritime… Et la nécessité de véritablement mettre en place de nouvelles aires marines protégées, la volonté d’atteindre les 30 % de surfaces « sous cloche » à horizon 2030 étant en retard. Nous en sommes à « 8,5 %. Donnons-nous l’objectif de 12 % à 15 % d’ici l’Unoc », a enjoint le président de la République.
La question du chalutage de fond
Des propos qui n’ont pas été totalement du goût des ONG de défense de l’océan, dont l’américaine Oceana et la française Bloom. Pointée du doigt, l’absence de la mention de chalutage de fond, une pratique de raclage via un filet qui abîme les fonds et qui, selon Bloom, est responsable de l’émission de 340 millions de tonnes de CO2 annuel dans le monde – 400 000 tonnes rien que pour la France.
« On savait la France en retard, on espérait que le besoin de protection, qui fait consensus, pousserait à prendre les dispositions nécessaires. Les accords de Kunming-Montréal, lors de la COP 15 en 2022, mentionnaient l’objectif de 30 % de protection des zones marines et terrestres d’ici 2030 », rappelle Claire Nouvian, fondatrice et présidente de Bloom.
Or, pour elle, le compte n’y est pas. Et d’autant moins, dénonce-t-elle, que la France, sur le sujet des aires marines protégées préfère parler de protection forte là où il est question, dans les accords, de protection stricte. Un champ sémantique différent qui, pour l’organisation, a pour objet de rendre le sujet moins impactant alors que le « danger est bien là ». Et alors que la France qui dispose de la « deuxième surface maritime mondiale avec les Etats-Unis, opte pour une position qui va à l’encontre de la mise en garde des scientifiques ».
Pour avancer sur ce dossier, les ONG de protection de l’océan ont prévu désormais de s’adresser à la grande distribution, bénéficiaires de ces « méthodes de pêche destructrices et par ailleurs déficitaires ».
De l’Unoc-3, Claire Nouvian dit en attendre une « réelle protection de l’océan, l’arrêt des projets d’extension des plateformes offshore et l’arrêt du financement de la pêche industrielle ». La Conférence des Nations-Unies pour l’Océan cristallise bel et bien, déjà, des attentes fortes.