Quentin Top / HANS LUCAS
Ça pique
Par Marianne
Publié le
Le géant Sanofi va se séparer de son usine d’Amilly, dans le Loiret, qui produit notamment de l’Aspegic, quelques mois après s’être déjà désengagé de la production de Doliprane. Cette fois, ce n’est pas un fonds américain qui récupère le principe actif, mais une entreprise détenue par une holding luxembourgeoise.
Cinq mois après les remous suscités par la cession de sa marque grand public Doliprane à un fonds américain, Sanofi va se séparer de son usine qui fabrique l’aspirine Aspegic, poursuivant l’externalisation de ses produits sans ordonnance.
Nouveau scandale ?
« C’est la suite d’Opella », résume Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France interrogé par l’AFP, en référence à l’entité de médicaments sans ordonnance du géant pharmaceutique français, cédée avec fracas à hauteur de 50 % au fonds CD&R. « On savait que, de toute façon, il y avait un risque » pour l’usine d’Amilly (Loiret), à la fois « parce qu’elle produit pour Opella », qui commercialise l’Aspegic et « parce que ça fait à peu près un an qu’il n’y a pas d’investissements ».
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Le géant pharmaceutique avait déjà annoncé qu’il allait se séparer de son usine d’Amilly, dont les produits ne rentrent plus dans sa stratégie focalisée sur les médicaments et vaccins innovants. Une opération planifiée pour l’automne qui attribuerait à l’entreprise française Substipharm la commercialisation et le développement de trois marques – Aspegic, Kardegic et Cardirene (nom commercial du Kardegic pour l’Italie). Le site industriel serait en revanche repris par le sous-traitant européen de préparations pharmaceutiques Astrea Pharma, qui a acquis fin 2024 deux usines françaises, à Fontaine-lès-Dijon et Monts (Indre-et-Loire).
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« De nouvelles activités et volumes » seraient générés par le repreneur, selon le projet qui n’aurait par ailleurs « aucun impact sur l’emploi », assure Sanofi. « On n’a sur la table ni les engagements d’investissement nécessaires, ni les volumes qu’ils veulent ramener », rétorque Fabien Mallet, indiquant que des débrayages ont lieu depuis le 5 mars ainsi qu’un piquet de grève devant le site qui emploie 276 collaborateurs.
Une holding étrangère
« Nous suivons tout cela de très très près pour veiller à ce que les engagements soient tenus », a simplement déclaré le ministre de l’Economie Eric Lombard mercredi à l’Assemblée nationale, questionné par le député Rassemblement national du Loiret Thomas Menagé. Celui-ci a souligné que l’usine d’Amilly était « la seule en Europe à pouvoir synthétiser le principe actif du Kardegic », qui protège des maladies cardiovasculaires avec « 27 millions de boîtes vendues » en 2023. Selon lui, la cession de cet outil de production à un façonnier, détenu par « une holding luxembourgeoise », fait naître de nouvelles inquiétudes.
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Il a rappelé qu’au moment de l’annonce de la cession d’Opella en octobre 2024, l’État avait dit avoir obtenu des garanties en matière d’emplois et de production, y compris pour l’Aspegic, via un accord tripartite entre l’État, Sanofi et CD&R. Les marques Aspegic et Kardegic représentent 50 % des volumes à Amilly.
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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne