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Succès immédiat en 1991, le classique de Ridley Scott avait été pris en grippe par une partie de l’Amérique conservatrice à sa sortie. Un documentaire, coproduction Capa Presse – Arte France revient avec jubilation sur la genèse du premier « western féministe ».
« Mussolinien, tordu et d’un féminisme toxique. » En mai 1991, quand il chronique Thelma et Louise pour le U.S. News & World Report, John Leo n’y va pas avec le dos du stylo. Le journaliste est scandalisé par la violence punitive exercée par les héroïnes contre les hommes et la rapproche des écrits de la penseuse féministe radicale Andrea Dworkin, qu’il voue aux gémonies.
Comme lui, malgré le carton du film, une partie des Américains goûte moyennement une intrigue qui voit Louise (Susan Sarandon) tuer un type essayant de violer sa copine Thelma (Geena Davis) et cette dernière abandonner son mari avant d’embrasser Louise sur la bouche. La septième réalisation de Ridley Scott n’est pas l’œuvre préférée des incels et, encore aujourd’hui sur le site AlloCiné, on peut trouver ce type de commentaire écrit par un visiteur : « Deux allumeuses qui se servent de la gent masculine pour essayer de cacher leurs homosexualités. » (!)
Disponible sur arte.tv, le court (53 minutes) documentaire « Thelma & Louise. Un western féministe » a le bon goût de rappeler que, contrairement aux blockbusters d’action en vogue dans les années 1980-1990, on ne trouve que trois morts dans le film aux 900 000 entrées en France : le violeur, Thelma et Louise. Auxquels, il faut ajouter une tentative de viol pitchant la notion de consentement : « Pour information, quand une femme se débat, c’est qu’elle s’amuse pas. »
Brad Pitt, « corps désirable »
Réalisé par Leni Mérat et Joséphine Petit, le programme resitue intelligemment cet ovni dans son contexte en interrogeant ses créateurs et acteurs. À l’époque, l’amitié au cinéma est surtout masculine et l’auteure du script (la novice Callie Khouri) a le plus grand mal à vendre son atypique road movie. Seule la productrice Mimi Polk s’y risque. Elle parvient à convaincre Ridley Scott qui, avec le personnage de Ripley dans Alien, a prouvé qu’une femme armée d’un flingue ne lui posait pas problème.
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Le tournage dure six semaines dans les paysages sauvages de l’Utah et de l’Oklahoma et révèle un débutant nommé Brad Pitt. Autostoppeur sexy, il est relégué sur la banquette arrière des amazones et réduit à son statut de « corps désirable ». Ce qui le ravit. Résistant aux pressions de la MGM, Khouri et Polk maintiennent leur fin devenue mythique et la Ford Thunderbird s’envole au-dessus du Grand Canyon pour l’éternité quand ses passagères se suicident.
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Elle a atterri brutalement il y a quelques jours quand Andy Beshear, gouverneur démocrate du Kentucky, a comparé Donald Trump et Elon Musk au mythique duo : « Je ne sais pas lequel est Thelma et lequel est Louise, mais ils sont en train de conduire notre économie au bord de la falaise. » On a connu plus bel hommage.
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« “Thelma et Louise”. Un western féministe ». Jusqu’au 6 juin sur arte.tv

Le film Thelma et Louise est disponible sur UniversCiné, MUBI et la LaCinetek.
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