Edward Jay, correspondant RMC Sport à Lyon, y a côtoyé Bernard Lacombe pendant plusieurs décennies. Après la mort de la légende rhodanienne ce mardi, il a tenu à lui rendre un vibrant hommage.
A l’image de Luis Fernandez, enfant des Minguettes bercé par les exploits de Bernard Lacombe pendant l’enfance avant de devenir son coéquipier en équipe de France, Edward Jay a grandi avec le fantastique footballeur. D’abord jeune enfant amateur de football puis comme correspondant à Lyon pour RMC et RMC Sport, il a noué au fil des années une belle relation avec celui qui a enfilé le costume d’entraîneur, de directeur sportif et de conseiller du président Aulas après avoir raccroché les crampons.
Si plusieurs grands noms du football tricolore et de l’OL ont salué la mémoire de Bernard Lacombe, de Sonny Anderson à Bafétimbi Gomis en passant par Karim Benzema, Edward Jay a rendu un bel hommage.
“Même si personnellement je savais que ça allait arriver, ça fait vraiment tout drôle. Je suis un peu ému. Je l’ai connu tout jeune à Bordeaux, quand il était dans cette équipe qui venait en stage dans ma ville à Aix-les-Bains dans les années 80. Je l’ai bien évidement connu en équipe de France ensuite. Et puis surtout après, je l’ai connu de longues années depuis 1998 où je travaille à Lyon”, a salué le journaliste dans l’émission l’After Foot sur RMC dès ce mardi. “Je l’ai connu entraîneur, directeur sportif, et même commentateur sur OLTV ou comme compagnon de route sur des déplacements européens. Il a aussi eu la gentillesse de faire la préface du livre de Sidney Govou il y a trois ans.”
“J’ai envie de retenir quelqu’un qui, dans la même journée, peut être bougon et tailler puis être très heureux et t’envoyer des missiles en conférence de presse.”
Une première discussion qui donne le ton
Et pourtant, le premier échange entre les deux hommes ne laissait pas présager une si belle relation entre le journaliste savoyard et la légende des Gones. Un échange savoureux avec un Bernard Lacombe au naturel dont le souvenir a resurgi à la surface après la mort de l’ancien attaquant.
– Tu viens d’où, toi?
– (Timide) De Savoie
– (Il coupe, énergique) Donc, tu n’y connais rien en foot. En ski, je ne dis pas, mais en foot…
– Mais je vous ai suivi, quand vous veniez à Aix les Bains pour vos stages d’avant saison avec les Girondins de Bordeaux. Mon papa était journaliste et moi, petit, j’étais à côté de lui.
– Ah, Aix les Bains. Y avait “Pépé”, là-bas…
– Eh bien oui, c’était mon entraîneur gamin. Bernard Lhomme.
– Ah, la piste en herbe de l’hippodrome. Et l’hôtel juste à côté du golf où “Mémé” (Aimé Jacquet) nous menait la vie dure, de bon matin…
Ce souvenir des débuts d’Edward Jay comme jeune correspondant de RMC sur Lyon, en 1998, est rapidement revenu à l’esprit du journaliste. Surtout, il dit tout de “Nanard”, comme l’explique le journaliste. “Premièrement, si tu n’es pas du sérail, difficile de parler de façon crédible de football, presque impossible de parler sérieusement ‘ballon’. Deuxièmement, un rien pouvait te permettre d’être adoubé par Bernard Lacombe. Troisièmement, son univers foot regorge de surnoms sans oublier cette mémoire infaillible de détails. Des anecdotes et éléments que lui seul racontait à merveille”.
Bernard Lacombe coche donc de nombreuses cases du parcours du correspondant de RMC Sport: de jeune amateur de foot au bord du lac, spectateur de la remise en route de son équipe au firmament du foot à l’époque, à suiveur attitré de l’OL dans la capitale régionale de Lyon, de joueur mythique vu de loin à entraîneur, directeur sportif et conseiller du président Aulas. Tout ceci vécu au plus près.
Lacombe, un expert en phrases assassines et bons mots
A l’origine du recrutement de Juninho,
Edward Jay n’oubliera pas non plus son “il est lent comme un fer à repasser” ou ses tacles les deux pieds décollés aux arbitres, qui ne voyaient pas les fautes dans un match: “ce n’est plus une paire de lunettes qu’il lui faut, mais un chien.”
Lacombe fin connaisseur du foot et attaché à l’instant présent
Maître en phrases bien senties, Bernard Lacombe restait surtout un véritable puits de connaissance footballistique. Sur le passé, bien sûr, mais aussi sur le présent.
“Oh, tu sais, la chose qui se passe”, combien de fois le journaliste a pu l’entendre sortir de la bouche de l’ex-dirigeant de l’OL pour s’assurer qu’il saisissait bien le moment d’histoire, de son histoire peut-être, qui était en train de se dérouler. Combien de fois, cette phrase a pu amener des sourires et des anecdotes en rafale auprès du correspondant de RMC.
Et parmi les beaux souvenirs d’Edward Jay avec Bernard Lacombe, l’un d’eux montre bien toute la science du football qui habitait le deuxième meilleur buteur de l’histoire du championnat de France. Un compliment aux allures de prophétie pour un jeune du centre de formation rhodanien.
“Je retiens l’endroit où il m’avait dit à Tola Vologe: ‘Surveille le 9, là. Dommage qu’il n’ait pas deux ans de plus parce qu’on serait champions d’Europe’. Ce petit c’était Karim Benzema“, se souvient encore le membre de RMC Sport après le décès de Bernard Lacombe.
Sans avoir été footballeur professionnel, mais surtout en étant journaliste ce qui pu tuer le début d’une éventuelle relation dans l’œuf avec l’ancien buteur, Edward Jay a ainsi appris énormément au contact de Bernard Lacombe. Il fallait en vouloir pour passer outre ce passif rédhibitoire pour certains ex-footeux et nouer une belle relation avec le correspondant. Avec le temps, et au moment où l’OL de Jean-Michel Aulas a connu ses plus belles années, les deux hommes y sont parvenus.