Valadon, la femme à hommes, les a-t‑elle aimés, exploités, manipulés ? Probablement un peu tout cela. Suzanne Valadon (1865-1938) n’a pas 10 ans quand elle commence à dessiner, en 1873. Adolescente, sans argent, libre, rebelle et culottée, elle se déshabille beaucoup. Acrobate de cirque, elle devient modèle à l’âge de 14 ans. Sa mère, lingère à la vie pénible, suit Marie-Clémentine (son vrai prénom), mais elle est dépassée par l’énergie de sa tornade de fille.
Marie-Clémentine n’a pas de papa, née de père inconnu. Très mal vu à l’époque, elle dut en souffrir. Sans référence masculine, elle découvre qui sont les hommes en les fréquentant. Elle pose, parle, discute, questionne, regarde. Elle devient peintre en observant travailler ceux pour qui elle pose.
Formes généreuses, esprit libre et espiègle, elle séduit et certains succombent, comme Toulouse-Lautrec. En 1886, leur relation est passionnée. C’est Henri qui surnomma Marie-Clémentine (dite aussi Maria) « Suzanne ». Renoir, Puvis de Chavannes, Matisse, le portraitiste délicat Jean-Jacques Henner la croquent. L’atelier-maison de ce dernier est un superbe musée à Paris (17e). Edgar Degas, sidéré par le travail de Suzanne, lui dit : « Vous êtes des nôtres. »
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Daniel Schick