Ce sera l’ultime report des taxes. La Chine a consenti à repousser de trois mois une éventuelle application définitive de droits de douane supplémentaires sur le cognac et l’armagnac, a annoncé ce vendredi le chef de la diplomatie française qui achève une visite en Chine.
« Le risque auquel était confrontée la filière, jusqu’à hier, c’était l’application définitive à l’issue de la période de l’enquête, qui devait se terminer le 5 avril prochain, explique Jean-Noël Barrot. À l’issue de cette visite, m’est confirmé que l’enquête est repoussée de trois mois. Ce qui écarte le scénario d’une application brutale de droit définitif sur cette filière », se félicite-t-il. Le ministre contente ainsi la première demande des interprofessions cognac et armagnac, qui vont désormais réclamer une levée définitive des sanctions.
Jean-Noël Barrot a souligné qu’il s’agissait d’un « sursis », assurant néanmoins y voir « une première étape qui devra être suivie d’autres étapes pour (…) mettre définitivement ce différend derrière nous ».
Taxe à 34 %
Il y a un an et demi, Pékin lançait une enquête antidumping sur les spiritueux européens lorsque l’Union Européenne envisageait elle-même une forte taxation sur les véhicules électriques asiatiques. Une façon pour Bruxelles de protéger l’industrie automobile du Vieux Continent. Ce qu’elle a mis en œuvre. En réponse, la Chine s’est attaquée aux spiritueux européens, et donc au cognac qui représente 90 % de la production.
L’enquête menée par le ministère chinois du Commerce a ciblé les trois grandes maisons de cognac Hennessy, Martell et Rémy Martin, en les contraignant à répondre à des questionnaires de dizaines de milliers de pages. La procédure a conclu à une distorsion de concurrence et proposé d’appliquer des taxes de 34 % en moyenne sur les alcools importés en Chine.
La menace étasunienne
Stupéfaits par cette procédure ciblée, les filières cognac et armagnac n’ont cessé de dénoncer des « représailles injustes » dont elles disent faire l’objet depuis dix-huit mois, tout en appelant à la mobilisation du gouvernement français. « Le Premier ministre doit ensuite aller en Chine à son tour pour solder définitivement le dossier », enjoignait la présidence du Bureau national interprofessionnel du cognac le 19 mars dernier lors d’une large conférence de presse.
Aux frontières de la Chine, les sanctions se cantonnent pour l’heure au dépôt d’une caution bancaire, ce qui a largement freiné le commerce. Les exportations de cognac ont ainsi diminué de 60 % sur les quatre derniers mois, en comparaison avec la même période l’an passé.
De l’autre côté du globe, les menaces de surtaxes à 200 % brandies par Donald Trump font craindre le pire à la filière viticole. Un marasme aigu alors que les ventes dans le monde n’ont jamais été aussi faibles depuis dix ans.