Pour appliquer les nouveaux droits de douane réciproques, Washington va devoir se creuser les méninges. Et vite, puisque Donald Trump a imposé une date limite : le 2 avril. Les droits de douane réciproques promis par le président américain visent à taxer les produits importés d’un pays aux États-Unis au même niveau que le sont les produits américains exportés dans ce pays.
« Le 2 avril, tout devient réciproque. Ce qu’ils nous font payer, nous le leur appliquons», a lancé, en d’autres termes Donald Trump début mars.
Toutefois, appliquer des droits de douane réciproques respectifs à chaque pays risque d’être un véritable casse-tête, les politiques commerciales de chaque pays étant différentes. « La manière de déterminer ce taux tarifaire fait actuellement l’objet de débats et de discussions », a ainsi déclaré un responsable américain au Wall Street Journal.
Une taxation à plusieurs niveaux
Parmi les pistes étudiées pour simplifier cette tâche, des responsables ont eu l’idée de classer les pays en fonction de trois niveaux tarifaires, rapporte le Wall Street Journal. Les États seraient ainsi taxés avec des taux bas, moyens ou élevés, en fonction de leur attribution. Une proposition présentée lors d’une réunion avec, entre autres, la cheffe de cabinet Susie Wiles, le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, ou encore Scott Bessent, le secrétaire au Trésor.
Mais vendredi dernier, cette proposition a finalement été écartée, d’après le quotidien américain. C’est l’approche davantage individuelle qui serait alors retenue.
L’hydre a deux têtes des tarifs douaniers par pays
Or, imposer les droits de douane réciproques de manière individuelle, c’est-à-dire à chaque pays avec lequel les États-Unis commercent et par produits, relèverait d’une tâche ubuesque. Les Américains ont près de 45 partenaires… D’après le quotidien américain, un tel travail pourrait prendre plus de six mois, au-delà de la date limite du 2 avril, alors que plus de 200 personnes travaillent sur le dossier.
Pour ne compliquer en rien la tâche, le président a également annoncé vouloir imposer des taxes de 25 % sur les automobiles, les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs. En plus de ceux d’ores et déjà imposés sur la Chine (20 %), et sur l’aluminium et l’acier (25 %) depuis le 12 mars.
Et les taxes sur la valeur ajoutée (TVA) des pays risquent d’être considérées dans le calcul de ces tarifs, ont rajouté des responsables de l’administration, rapporte le Wall Street Journal. Car le président américain considère la TVA comme une taxe supplémentaire sur les produits américains. De quoi ne pas arranger les affaires de l’administration Trump. Rien qu’en Europe, les taux de TVA diffèrent d’un pays à l’autre : alors qu’elle est à 20 % en France, elle atteint 17 % au Luxembourg ou encore 27 % en Hongrie. D’autres pays hors de l’UE, comme le Mexique, applique également de la TVA.
Des exemptions pour certains
Certains pays pourraient, par ailleurs, recevoir un traitement particulier et se voir épargner par la foudre du président. C’est le cas de l’Angleterre où le ministre britannique du Commerce est à Washington ce mardi pour négocier avec les États-Unis.
Il y a un mois, le président avait indiqué que les deux pays concluraient « un véritable accord commercial dans lequel les droits de douane ne seraient pas nécessaires ». Une spécificité supplémentaire à ajouter pour le département du Commerce.
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