La peur d’un déclassement, accentuée par la concurrence jugée « déloyale » des chauffeurs VTC. Voilà ce qu’expriment de nombreux taxis mobilisés à travers la France depuis lundi, alors que l’Assurance maladie doit appliquer dès le 1er octobre une nouvelle tarification aux quelques 40.000 artisans conventionnés transportant des patients vers leurs rendez-vous médicaux.
Pour faire des économies, les prix fixés localement et dépendant de la situation de la course de chaque taxi seront remplacés par un forfait unique de 13 euros, plus 15 euros pour les patients récupérés ou déposés dans les grandes agglomérations (afin de pallier le trafic). À ce tarif de prise en charge sera ajouté un tarif kilométrique unique qui dépendra de chaque département. Une réforme qui déclenche l’ire des premiers concernés :
«C’est notre métier qui est en jeu s’ils acceptent cette convention. Quelle entreprise accepterait de perdre 40% de son chiffre d’affaires ?», témoigne l’un d’entre eux surBFMTVce samedi.
« On va faire de nous des travailleurs pauvres », ajoute un autre taxi auprès de l’Agence France-Presse (AFP), à l’occasion de manifestations d’une envergure inédite depuis le mouvement contre Uber en France, en 2015.
Et pour cause, le transport sanitaire est devenu une dimension essentielle de leur métier, surtout à la campagne où les distances sont plus longues pour atteindre les hôpitaux. Cette activité représente aujourd’hui plus de 50 % du chiffre d’affaires des quelque 4 000 taxis conventionnés par l’Assurance maladie, et peut atteindre 80 % du chiffre d’affaires, voire davantage pour certains d’entre eux, selon l’Assurance maladie.
Le gouvernement ne fera pas « machine arrière »
Dans ce contexte explosif, une réunion doit se tenir ce samedi au ministère des Transports en présence du Premier ministre, François Bayrou. Le président de l’Union nationale des taxis, Rachid Boudjema, a d’ores et déjà prévenu : la mobilisation continuera si rien ne concret n’en ressort.
« On est tous partants pour réaliser des économies. Mais ce qu’on n’accepte pas, c’est de faire payer la facture des transports des personnes atteintes de pathologie lourde. Ils [les chauffeurs de taxi, ndlr] vont subir une nouvelle fois une mesure injuste et arbitraire », a-t-il fustigé sur RTL, samedi matin.
« On ne va pas faire machine arrière, il s’agit de faire environ 100 millions [d’euros] d’économies, entre 100 et 150 millions d’économies sur 6,3 milliards », avait affirmé la veille la porte-parole du gouvernement, Sophie Primasà l’antenne de BFMTV, tout en assurant que l’exécutif était prêt à discuter et à« avancer sur leurs problématiques ».
Samedi matin, le président de l’UNT a rétorqué que « la porte-parole du gouvernement a[vait] agi comme une pyromane » en soulignant qu’il n’y aurait pas de rétropédalage. Il demande désormais de « véritables propositions, des mesures concrètes, planifier des choses » et de trouver un médiateur pour renouer le contact avec l’Assurance maladie.
(avec agences)
À lire également
latribune.fr