1. Wiz : c’est quoi cette start-up ?
Elle a été fondée en 2020 par un quatuor d’anciens officiers de l’armée israélienne, pays réputé pour ses compétences en cybersécurité : Assaf Rappaport, qui la dirige toujours aujourd’hui, Yinon Costica, Roy Reznik, et Ami Luttwak. Elle compte environ 900 employés aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Israël.
Wiz déploie des solutions de sécurisation pour l’informatique dématérialisée (plus communément appelé « cloud »). Leur rôle : « détecter, répondre et enquêter » sur les cybermenaces qui visent les environnements cloud des entreprises. Car, avec la migration massive des données de haute valeur vers le cloud (des serveurs placés dans de grands data centers), de nouvelles problématiques de sécurité sont apparues, notamment dans la gestion des flux de données. Il ne s’agit donc plus pour les entreprises de seulement protéger les postes de travail de leurs employés : elles doivent également se soucier de ces espaces numériques à distances où se trouvent des volumes colossaux de données. Ce que se propose de faire Wiz.
La start-up a ciblé le bon filon. Elle a rapidement dépassé la barre symbolique des 100 millions de dollars (91,4 millions d’euros) de chiffre d’affaires récurrent (à peine 18 mois après sa création). Nouveau seuil symbolique franchi à l’été 2024 : 500 millions de dollars (457,2 millions d’euros). Et autre preuve de l’engouement que suscite la jeune pousse : lors de sa dernière levée de fonds en mai 2024, elle a obtenu 1 milliard de dollars (910 millions d’euros) pour une valorisation de 12 milliards de dollars (près de 11 milliards d’euros).
2. Pourquoi Wiz intéresse Google ?
Car Alphabet, la maison mère de Google, veut justement se renforcer dans le cloud. Wiz deviendrait alors une brique essentielle pour sécuriser cette offre et un argument de vente de taille face à ses concurrents, Amazon Web Services (AWS) et Microsoft Azure, solides numéros 1 et 2 du marché actuellement.
Le géant américain est d’ailleurs déjà passé à l’attaque l’été dernier. Il avait proposé à Wiz la coquette somme de 23 milliards de dollars (21 milliards d’euros) pour la racheter. Mais a reçu, en guise de réponse, une fin de non-recevoir. « Bien que nous soyons flattés par les offres que nous avons reçues, nous avons choisi de poursuivre notre chemin pour construire Wiz », avait expliqué Assaf Rappaport dans un courriel adressé à son personnel. Objectif : attendre afin de maximiser les chances d’une prochaine introduction en Bourse de la start-up.
L’une des autres raisons derrière ce refus était de ne pas prendre le risque de voir l’opération être retoquée. Car l’accord aurait dû être validé par les régulateurs américains et la start-up craignait qu’il ne franchisse pas les obstacles antitrust —d’autant plus que Google a déjà deux procédures en cours avec la justice américaine au sujet de son monopole sur le marché de la recherche en ligne et dans le cadre d’accusations de pratiques déloyales dans son marché publicitaire.
3. Et maintenant ?
Les rumeurs autour d’une nouvelle offre de rachat ont été relancées lundi par le Wall Street Journal. Citant des sources proches du dossier, le quotidien américain a été le premier à rapporter la reprise des discussions entre Alphabet et Wiz. Et on parle cette fois d’un rachat de l’ordre de 30 milliards de dollars (27,4 milliards d’euros). Un accord pourrait être conclu prochainement, à condition que les négociations ne rencontrent pas d’obstacles de dernière minute, d’après le journal.
Reste que la situation au niveau réglementaire n’a pas changé comparé à huit mois en arrière et les régulateurs américains pourraient faire capoter le projet. Si l’opération se concrétise, il s’agira en tout cas de la plus importante acquisition de l’histoire d’Alphabet, loin devant le rachat en 2012 de Motorola Mobility, qui lui avait pourtant coûté pas moins de 12,5 milliards de dollars (11,4 milliards d’euros).
À lire également
Agathe Perrier