Les provocations de Donald Trump à l’égard du Groenland nous auront au moins servis d’alibi pour revenir sur un sujet ô combien captivant : les distorsions cartographiques. Pour « Marianne », Clara Dealberto, infographiste et datajournaliste, revient sur les enjeux multiples de la cartographie, trop souvent réduits aux questions de superficie des pays.
Mais pourquoi le Groenland parait-il si grand ? Les velléités expansionnistes de Donald Trump à l’égard de ce territoire danois autonome ont remis au goût du jour un trompe-l’œil géographique qui anime le monde de la cartographie depuis des décennies : puisque la Terre est ronde, la représenter sur une surface plane est un art délicat (et politique). Sur les planisphères, à l’instar de la projection Mercator réalisée en 1659 par un géographe flamand, nombreux sont les pays dont la superficie n’est pas correctement représentée.
Ainsi, il n’est pas rare de voir dans les manuels scolaires la superficie du Groenland dépasser celle de l’Amérique du Sud – alors que la superficie de l’île n’atteint pas un quart du Brésil –, la Scandinavie concurrencer l’Inde – alors que la région nordique est trois fois plus petite que le pays asiatique – ou voir l’Afrique rapetissée à l’extrême alors que sa superficie dépasse largement celle de la Chine, les États-Unis ou l’Europe. Ces cartes, historiquement produites par et pour les pays du Nord, agissent comme de puissants outils narratifs.