La CIIVISE (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) a choisi ses victimes, sacrifiant les autres au silence. C’est en tout cas le propos du dernier livre « Faux sauveurs » de Tristane Banon, qui dévoile comment cet organisme, sous la présidence d’Édouard Durand, a privilégié les cas d’inceste paternel au détriment des violences entre enfants, sur les handicapés ou qui impliquaient les mères, abandonnant ainsi des milliers de victimes dont la souffrance ne correspondait pas au récit choisi.
Dans son dernier ouvrage “Faux sauveurs”, l’écrivaine et journaliste Tristane Banon explore les manquements de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE). Créée en 2021 pour libérer la parole des victimes et formuler des recommandations, elle a suscité la controverse après l’éviction de son coprésident, Edouard Durand, et les critiques visant sa méthodologie. À travers une enquête fouillée, Tristane Banon interroge l’instrumentalisation des causes et les angles morts de notre système de protection de l’enfance.
Marianne : Pourquoi avoir décidé d’enquêter sur la CIIVISE ?
Tristane Banon : Les violences faites aux enfants m’ont toujours intéressée et passionnée. Mon premier roman, “J’ai oublié de la tuer”, abordait déjà ce sujet. Ce qui a précisément déclenché mon enquête, ce sont deux événements qui ont attiré mon attention : la fin controversée de la mission d’Edouard Durand à la tête de la CIIVISE et, simultanément, cette affaire concernant une plainte d’agression sexuelle contre Caroline Rey-Salmon, pédiatre légiste et ancienne vice-présidente de la commission. Ces deux “bruits” m’ont mise en alerte et j’ai voulu comprendre ce qui se passait réellement.